Charlie Christian
Les artistes de génie passent souvent dans la vie comme des météores. Tel est le cas de Charlie Christian, né en juillet 1916 à Dallas (texas) et emporté par la tuberculose en mars 1942. Il n’ avait que 26 ans!. C’était un prodige, et heureusement pour nous tous, il a beaucoup enregistré.
Issu d’une famille de musiciens, le jeune Charlie a appris le saxophone, la trompette, le piano et la contrebasse, instrument sur lequel il a connu ses premiers gigs en 1934. Mais très vite, son père, qui la pratiquait fort bien, lui a fait connaître la guitare. Ce fut pour Charlie une grande découverte et le moyen d’entamer très jeune, dès 1937 une très belle carrière notamment au sein des diverses formations du clarinettiste et chef d’orchestre Benny Goodman, avec lequel il est resté jusqu’à la fin. Au cours des années 1939 à 41, il a côtoyé les meilleurs, notamment le vibraphoniste Lionel Hampton, fou de swing comme lui.
La guitare est une des plus anciens instruments utilisés par les jazzmen, notamment les chanteurs de blues. Mais elle a tenu surtout un rôle d’accompagnement. Charlie Christian s’est inspiré de novateurs comme Flyod Smith ou Eddie Durham pour adapter avec succès l’amplification de l’instrument. On était loin des pédales de distorsion et de la grande vogue du rock. Mais, par ce procédé, Charlie pouvait rivaliser en puissance de son avec les cuivres. Très vite, il imposé sa technique. Une manière très sûre de poser les single notes, de les embellir, de les faire sonner, et ce avec un maîtrise et une mise en place parfaite. On dit que lui-même, ayant tâté au saxophone ténor, aurait été influencé par Lester Young pour son jeu de guitare. Peut- être par la transformation des staccatos en notes bien liées et moelleuses comme le faisait Lester?…Avec son superbe phrasé, Charlie aurait créé le “reed style”, le style anche. Je veux bien. Pour ma part, je pense que Charlie se trouve formidablement en phase avec Hampton. On était en pleine période de la swing era. Les séances CBS avec Goodman sont très réussies. Même si Charlie est allé se frotter aux jeunes turcs du “Minton’s house” d’Harlem en 1941, on peut difficilement le classer parmi les boppers.
En revanche, le jeune musicien, qui fait beaucoup penser par son attaque à Django Reinhardt, a influencé quantité de guitaristes, notamment Wes Montgomery. Charlie jouait souvent sur une Gibson ES 250 (coucou les spécialistes!) et utilisait, (j’ai bien regardé les photos) le pouce et quelques doigts de la main droite sans l’aide d’un médiator (comme Wes!). Mais je peux me tromper. La photo ci dessus me laisse interrogatif.
J’ai toujours adoré le “Waitin”for Benny” du 22 mars 1941. Ce jour là, dans un studio de New York, on attendait le chef d’orchestre Benny Goodman, et les musiciens commençaient à chauffer leurs instruments. Au milieu de la cacophonie habituelle dans ce cas, on entend les notes de Charlie qui s’installent avec plus d’intensité. Le guitariste s’impose sur un riff. Il continue avec de plus en plus d’autorité. Le morceau prend forme sur les harmonies de “a smooth one”. Peu à peu, tous les musicos s’y mettent, et on assiste à une sorte de jam improvisée qui devient un délice. Le trompettiste Cootie Williams semble s’éclater complétement. A écouter.
Il faut écouter Charlie Christian. J’AIME CHARLIE!
A très vite, chers amis, dans un nouveau billet.