Jean Paul n’est plus
Il est parti le jour de la fête de la musique. Un de mes meilleurs amis, Jean Paul Decourchelle, un ami de cœur, vient de quitter ce monde à 66 ans. J’ai du mal à rédiger ce billet. Trop pressante en moi toute cette émotion qui me submerge. Cela faisait plusieurs années que Jean Paul luttait contre la maladie, lui qui avait déjà subi un handicap lourd une grande partie de sa vie.
Tout le monde adorait Jean Paul. Sa gentillesse, sa délicatesse, son écoute attentive des autres, son grand courage, autant de qualités qu’il accompagnait d’une bonne humeur permanente , d’un large sourire, et de plaisanteries qui mettaient tout un chacun dans sa poche. Car c’était un homme d’une grande séduction qui savait s’emparer de vos goûts, de vos envies, pour vous transporter dans un univers merveilleux fait de rêves d’un monde sans heurt, bercé par cette musique de jazz qui meublait son âme.
Je lui dois, avec quelques autres qui se reconnaîtront, de longues heures à partager l’amitié, mais aussi son amour du jazz, du vrai, de celui qui swingue vraiment. Initié à cette passion par son oncle Henri Kolback, Jean Paul était devenu un érudit, incollable dans les blindfold tests, C’était un véritable savant de cette musique qu’il m’a fait découvrir ainsi qu’à une multitude d’autres.
Le tout avec toutes les anecdotes, les détails savoureux qui vont avec. Avec lui, et Dominique Burucoa, nous avons été des missionnaires du jazz en ce début des années 70. Mais nous avions envie de pratiquer aussi. Dominique est devenu un brillant trompettiste. Moi même, j’ai choisi le saxophone tenor après avoir écouté et admiré Buddy Tate à Bayonne!…Et Jean Paul, fasciné par “papa Jo” Jo Jones, est devenu un batteur efficace, subtil, délicat, incisif, imaginatif, à l’image de son caractère. Il a fait partie de la grande aventure des “happy feet” durant trois bonnes décennies. Malgré la maladie, il a continué à jouer jusqu’à une période récente avec son fils Laurent, excellent pianiste et le fidèle Philippe Rigaud à la contrebasse (“le forty trio”). C’était une grande joie de sa vie.
Il aimait aussi son métier de journaliste. Après avoir été responsable de bibliothèque, Jean Paul est rentré à “Radio France Pays basque”. Il était un animateur très apprécié, voire adulé, avec beaucoup de charme et d’humour. Une voix sublime et un véritable talent de créateur de dialogue.
Dans sa pièce studio de Bassussary, nous aimions tant “refaire le monde” avec lui, parler des derniers concerts, revisiter les dernières parutions, partager tous ces histoires d’un monde bien à nous, que nous aimions faire revivre, souvent avec de grands éclats de rire….. Ses amis, très chers souvent, sont nombreux. Ils me pardonneront de ne pas les citer ici. Il faudrait plusieurs pages…Mais qu’ils apportent ici leur témoignage .
Evelyne, Laurent et Ines, je vous embrasse très fort.
* les photos récentes du “soko” sont de Jean Paul Gilles.
Voir aussi Le Forty trio au Soko
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