Frank Sinatra
Frank Sinatra!…Qui ne connaît pas Frank Sinatra ?…J’aime cet homme , j’aime l’acteur , le chanteur…
On en a raconté sur sa vie!….ses relations avec la mafia, ses liaisons sulfureuses, tout ce que l’on veut!…Moi, je me fiche un peu de tout cela. Je reste fan de l’artiste qui a été le plus célèbre, et peut- être parfois le plus détesté durant près de 60 années de carrière hors normes….
Fils d’un ouvrier italien immigré, Frank est né en 1915 à Hoboken dans le New Jersey. On dit qu’il a souffert pendant longtemps de l’intolérance raciale et religieuse. Plutôt petit gabarit, voire chétif, il a su très rapidement s’imposer, notamment dans les concours, pour obtenir, alors qu’il est encore un jeunot , un premier prix à un crochet radiophonique . Son idole de l’époque : Bing Crosby, célèbre crooner, que l’on retrouvera à ses côtés bien plus tard en 1956, dans le film “high society”. Une dose de culot, mais surtout une part importante de talent, Frank Sinatra sera vite remarqué par les chefs d’orchestre Harry James et Tommy Dorsey. Très vite surnommé “the voice”, Il va connaître un immense succès notamment à la radio. Il était attendu à la sortie des studios, par des milliers de supporters, notamment des jeunes adolescentes (les “bobby soxers”) , toutes folles de ce chanteur d’exception….Celles qui s’évanouissaient en entendant ou en voyant Sinatra étaient appelées “swooners“…Nous étions au début des années 30!…
Quelque dix ans plus tard, il est happé par les studios d’Hollywood, et on le voit apparaître dans des comédies musicales montées à grand budget: (“escale à Hollywood” (1945), “un jour à New York” (1949), aux côtés notamment du merveilleux Gene Kelly. Il y fait merveille, en tant que chanteur et danseur!…
Il connait au début des années 50, une sorte de déclin. Il divorce de sa femme pour épouser Ava Garner, ce qui cause un véritable scandale chez les ligues pour la décence!…. Datent de cette époque ses premiers avatars avec la mafia. On a même dit qu’il avait obtenu, du fait de “l’influence” de ses protecteurs, le rôle de Maggio dans “From there to eternity” (“tant qu’il y aura des hommes”) (1953). Ce film de Fred Zinneman, lui a permis en tous les cas, d’obtenir l’oscar du meilleur second rôle de l’année. Le talent est là!….Suivront d’autres succès cinématographiques, et son grand premier rôle , il le gagnera avec un nouvel oscar dans “the man with the golden arm” (“l’homme au bras d’or” 1955) .
Sa carrière d’artiste de scène sera bien relancée, d’autant qu’au début des années 60, il rejoint sur les planches du Sands à Hollywood ses copains Dean Martin , Peter Lawford (beau frère de J.F Kennedy, dont Frank a été un proche) et l’étonnant Sammy Davis Junior. La petite bande, le clan (“the rat pack”) va faire la joie des spectateurs (fortunés!) amateurs de ces shows durant lesquels, entre deux chansons, on dialogue sur scène, avec moult gags. Les potes de Frank font preuve avec lui d’une grande joie de vivre, et même de libertés dans leur attitude qui feraient frémir nos censeurs actuels!. Il n’est pas rare de voir ces artistes un verre de scotch à la main, parfois à moitié ivres (Dean Martin), faisant rire aux larmes les premiers rangs…Sur les scènes du monde entier, Frank Sinatra aura auprès de lui d’autres grandes vedettes mondiales avec lesquelles il aimait partager ses succès (Ella Fitzgerald, Jerry Lewis, Lizza Minelli, Peggy Lee, Shirley Mac Laine, Elvis Presley et Mickael Jakson!…)
Frank Sinatra aimait le jazz. Je n’ai pas peur d’écrire que c’était un vrai jazzman!….Dans ses disques et dans shows, il swinguait vraiment, avec une magnifique voix profonde et claire, une mise en place et une diction parfaite, un profond feeling, une manière de phraser comme un véritable instrumentiste…Savez vous qui était un grand fan de Sinatra ? …Le saxophoniste Lester Young!…Frank aimait avoir dans les ensembles musicaux, le trompettiste Harry “sweets” Edison. Dans le fameux enregistrement avec le big band de Count Basie, on entend le chanteur interpeller avec humour le saxophoniste Eddie “Lockjaw” Davis, lequel lui joue des contrechants provocateurs.
Ses premiers orchestres furent celui de Billy May ou de Nelson Riddle. Dans un répertoire plus jazz, Frank Sinatra a enregistré avec Duke Ellington, Count Basie, Buddy Rich, ou Woody Herman.
Frankie a toujours goûté les arrangements et la direction d’orchestre de Quincy Jones qu’il appréciait particulièrement. Quincy est l’arrangeur de la célèbre rencontre de Sinatra et de Basie (“Sinatra at the sands” 1966. Universal). Jones raconte: “en 1958, j’étais chef d’orchestre et arrangeur pour la maison de disques de Nicole et Eddie Barclay à Paris, quand le bureau de la Princesse Grace de Monaco a appelé. “Frank Sinatra a demandé”. Il était “the charman of the board (“le président du conseil”) . J’avais 25 ans. J’ai sauté dans le premier train en compagnie de cinquante cinq musiciens. Sinatra est entré dans la salle de répétition du Sporting club de Monaco et m’a balancé son regard bleu acier: “tu connais les disques. Tu sais quoi faire”. Pas de discussions. Seulement “un peu rapide”, “c’est dans la poche”, . Au bout de quatre heures, certain que ça ne pourrait être plus en place, il a dit “dingue” et il est parti. Ce soir là, il a swingué si dur qu’on aurait pu lui mettre la tête en bas, et le secouer pour faire tomber la monnaie de ses poches, qu’il n’aurait pas manqué une mesure. Quatre vingt dix minutes durant, il a mis le feu au Sporting club. Pure économie, puissance, style, savoir-faire. Il m’a serré la main:”Yeah, beau boulot Q.”. Il était déjà parti”.
Les enregistrements de Frank Sinatra, notamment chez Reprise et chez Capitol, sont sublimes. Il a été également au hit parade dans less années 70 avec “strangers in the night” que tout le monde savait murmurer…. Par la suite, sa fille Nancy Sinatra a fait une très belle carrière, souvent d’ailleurs aux côtés de son père.
Après la mort de Sinatra , en 1998, on connaît bien ceux qui ont repris son flambeau de crooner (Harry Connick Jr ou encore John Pizzarelli) . En France, le fantaisiste Michel Leeb est un véritable fan de Frankie. Accompagné de l’orchestre de Gerard Badini, avec des arrangements de François Biensan, Leeb a fait un malheur sur les grands succès de “the Voice” (“lady is a tramp”, ” I’ve got you under my skin” ou “Moonlight in Vermont“) . La relève est vraiment assurée!.
Il existe une documentation énorme sur Frank Sinatra!..Beaucoup de livres ont été écrits sur lui. Je me suis servi notamment de celui rédigé par sa fille Nancy: “Frank Sinatra, une figure de légende” (Palma 1997). Pour les vraiment fanatiques, il faut avoir chez soi un bijou de livre: “les trésors de Sinatra” de Charles Pignone (Seuil 2004). On y trouve un cd, de multiples photos souvent inédites, et des détachables, qui sont des reproductions de billets de concerts, de programmes, de conducteurs de studio, de lettres reçues ou échangées. Extraordinaire!…
Le répertoire des auteurs français ne lui était pas inconnu, et Frankie a chanté sur les scènes du monde entier “les feuilles mortes” (Joseph Kosma), “Que reste t-il de nos amours” (Charles Trenet),“watch what happens”, “un été 42” (Michel Legrand), “Ne me quitte pas” (Jacques Brel), “My Way” (“comme d’habitude” )(Claude François).
Frankie continue de nous faire rêver!….
D’accord avec toi pour le “swing” de Sinatra C’était un vrai jazzman et avait bien mérité son surnom (The Voice”)
Michel Leeb n’est qu’un gentil imitateur et tous les autres très loin derrière