Scott Hamilton
Il fait partie de mes favoris. Au cours d’un récent voyage à Paris, Cathy et moi, sommes allés profiter de sa présence au “caveau de la Huchette“. Scott Hamilton, disons-le d’emblée, c’est un enchantement permanent. Quel plaisir que de l’écouter avec des musiciens anglais remarquables en tous points. Âgé de 59 ans, il joue toujours très bien, trop bien, allais-je dire. Je l’ai tellement écouté… Il joue toujours pareil (enfin, c’est mon avis…), mais… formidablement bien. Peu d’effet de surprise, même s’il choisit parfois des thèmes contemporains, mais toujours cette aisance, ce son magnifique, son inspiration (respiration aussi!) constante, ce phrasé certainement emprunté aux plus grands, mais qui le lui reprochera?. Toutes le grandes figures du jazz ont raconté avoir, du moins à leurs débuts, puisé aux sources. Scott , qui vit à présent en Angleterre, est droit et inspiré dans le pavillon de son sax. Retenons l’avis de Leonard Feather, le célèbre critique américain: “Scott Hamilton is a good wind who is blowing us no ill”.
Cela fait longtemps que j’écoute Scott Hamilton. Souvent, lorsque je ne sais trop quoi choisir dans mes disques, eh bien, je sélectionne Scott. C’est chaque fois un émerveillement!. Je l’ai apprécié très vite dans ses apparitions dans les séances cimiesques de Nice, filmées par Jean Christophe Averty dans les années 70 et 80 . Ces images, que j’avais un temps sur les VHS, je ne les ai pas retrouvées sur You tube, mais je suis sûr qu’elles sont conservées quelque part, et que je les goûterai à nouveau. C’était en 1979. Scott Hamilton avait 25 ans. Il jouait aux côtés de son copain de toujours, le cornettiste Warren Vaché. Les deux jeunots, avec Chris Flory (g) et John Bunch (piano) , riffaient avec énergie aux côtés du cabotin Benny Goodman (lui en fin de carrière). Déja du talent chez Scott Hamilton, ce jeune moustachu au physique de groom d’hôtel. Un des musiciens les plus relax que je connaisse…
Depuis, les enregistrements du jeune saxophoniste ténor ont été nombreux, essentiellement diffusés par le label Concord. Je pense les posséder presque tous, dont un des derniers avec le pianiste Rossano Sportiello. Scoot est souvent venu jouer à “jazz aux remparts” à Bayonne. J’ai le souvenir de l’avoir transporté avec Warren Vaché dans ma deuch, un soir où la navette entre l’hôtel Mercure et le lieu du festival se faisait attendre…. Quel souvenir!…. Peu de mots échangés… fierté cependant du conducteur……
Scott est né le 12 septembre 1954 à Providence (!) (comme Paul Gonsalves!) dans le Rhode island aux Etats unis. Pianiste puis clarinettiste, il se consacre au sax tenor à l’âge de 17 ans. Grâce au soutien éclairé du trompettiste Roy Eldridge, il va intégrer l’orchestre de Benny Goodman, et se produira avec le violoniste vétéran Joe Venutti. Il raconte qu’il a toujours adoré Lester Young, même si on retrouve des influences évidentes chez Coleman Hawkins, Paul Gonsa!ves, Don Byas ou encore Ben Webster qu’il beaucoup écoutés. Un si jeune qui joue comme les “vieux”.. Beaucoup de sont interrogés…… Sa réponse: “Dans les clubs, il y avait des dizaines de saxs de mon âge qui tentaient de jouer comme John Coltrane. J’ai voulu faire autre chose, quelque chose qui me soit plus naturel”.
L’observation de Jacques Reda dans le dictionnaire du jazz (Ed. laffont) résume assez bien le dilemme ou le paradoxe Hamilton. “Solitairement, en plein règne de John Coltrane, il a élaboré un style en si parfaite harmonie avec la palette des saxophonistes préparkériens (de Hawkins à Lester Young en passant par Chu Berry, Ben Webster et vingt autres nuances) qu’il semble être leur contemporain et leur pair, plutôt que leur lointain disciple…il exprime un tempérament dont l’apparence anachronique a pu faire d’abord le succès dans un public lassé de certaines extravagances. Impavide, Hamilton semble en fait démontrer que le véritable avenir du jazz réside dans une exploration fervente des ressources vivantes de son passé”. Une analyse que l’on pourrait appliquer à beaucoup de musiciens qui jouent “dans le style” un jazz de répertoire. On pense, pour n’en citer qu’un, au saxophoniste Harry Allen, très proche de Scott dans son expression du jazz, avec une influence marquée, du moins à ses débuts, par Stan Getz. Comme sur la photo ci contre, les deux hommes, souvent complices, peuvent être placés sur le même plan. Celui du talent et du swing à l’état pur!.
On s’est régalé au “caveau”. La photo, moyenne en qualité (prise sur un téléphone!. Merci Cathy!) ), conserve la valeur du document. Scott a joué tranquille, sans se chauffer, comme ça naturellement, devant les danseurs qui nous ont paru souvent sourds à sa musique….. Un autre débat… Mais tout le monde visiblement était heureux d’être là. Et… c’est ce qui compte…..