Chico et Rita
Tiens… Et si nous allions au cinéma !. Cela faisait un moment que j’avais très envie de vous parler de “Chico et Rita”!…. C’est une très belle histoire qui se passe dans une période vivifiante pour la musique (années 40 et 50) et qui revit dans ce film comme par magie. Un scénario très simple: Rico, le pianiste rencontre une belle chanteuse Rita à la Havane, en tombe éperdument amoureux, et, suite à de multiples ruptures, il va la rechercher sans relâche…. pour la retrouver aux États unis 47 ans plus tard. Tout est très prenant dans ce film. La musique notamment est sublime. Quand on aime Cuba , la musique latine et le jazz, on ne peut qu’apprécier cette très belle production.
Ce film est la vie contée de Bebo Valdes, un musicien culte de Cuba, lequel à l’âge de 93 ans a écrit et interprété la musique du film pour notre plus grand bonheur. Dès 2003, le réalisateur espagnol Fernando Trueba s’était attaché les services de Javier Mariscal, ‘un graphiste espagnol de grand talent qu’il avait déjà fait travailler. Mariscal a fait revivre avec des décors fantastiques et de très belles couleurs, les villes de La Havane et de New York des années 40 et 50. Il s’est promené dans les rues avec son carnet de croquis, et à noté de multiples détails intégrés par la suite dans les différents plans, tous magnifiques. De son côté, Fernando Trueba a utilisé un procédé innovant et efficace pour animer les dessins et capter les évolutions des personnages qui étaient en fait de vrais acteurs tournant en studio sans costumes et sans décors. En retravaillant cette mise en mouvement et en intégrant les dessins, les deux hommes aidés de nombreux artistes, notamment coloristes, on fait merveille!….
Le récit nous conduit tout d’abord à la Havane en 1949. La ville cubaine vit les grandes heures de la frénésie nocturne tendance américaine. Les rues sont remplies de clubs, de dancings, et d’animations de toutes sortes. Partout, les néons clignotent dans les rues Virtudes, Neptuno ou du Prado. Près de la plage de Marianao, le Tropicana, attire les stars de l’époque du monde entier. Sur l’immense scène en plein air , les grands orchestres jouent avec frénésie les rumbas, les boléros, les mambos et les cha cha cha !…. On revit tout cela dans ce film en se baladant d’un endroit à l’autre en Buick, en Oldsmobile en Chevrolet ou encore en side car. C’est aussi la période où les musicos cubanos sont attirés par la ville de New York, où se joue le jazz, et surtout le bebop. Le percussionniste Chano Pozo, connaît aux côtés de Dizzy Gillespie, un succès grandissant. De leur cotés, les musiciens américains (Stan Getz, Zoot Sims, Frank Sinatra, ou encore Nat King Cole) sont nombreux à venir participer aux descargas cubaines(“jam sessions”) . Par la suite, la révolution de 1959 a changé les choses. Le jazz flamboyant, celui notamment des grands orchestres, n’était plus désiré. Beaucoup de grands musiciens comme Arturo Sandoval, Paquito d’Rivera, et même Bebo Valdes ont préféré quitter leur île natale pour connaître la notoriété dans le reste du monde. Mais la musique est restée bien vivante à Cuba!….
Tous ces événements musicaux revivent avec force, mais aussi tendresse dans ce magnifique film que nous devons à nos amis espagnols. Un gros travail a en effet été effectué à Madrid et à Barcelone. Les réalisateurs ont eu l’excellente idée de refaire jouer cette musique plutôt que de la copîer… Ainsi, en studio, Freddie Cole prend la voix de son frère Nat, Jimmy Heath nous rejoue du Ben Webster (très réussi), Charlie Parker est évoqué par German Velasco, Mike Mossman joue le rôle de Dizzy Gillespie, et Yaroldi Abreu reprend les congas de Chano Pozo. On a droit à la voix toute en retenue, comme un murmure (mais c’était souhaité) de Idiana Valdes (Rita), et l’émouvante participation de la chanteuse espagnole Estrella Morente. On pense à Buena Vista social pour le talent, pour la nostalgie aussi.
Il s’agit d’un film d’animation, mais je vous l’assure, avec une très forte originalité et un charme fou. J’en connais, du côté du Big band Côte sud à Dax qui vont apprécier cette évocation. Une merci particulier à Lucile qui nous a permis de découvrir cette merveille.
La bande annonce devrait inciter ceux qui ne connaissent pas “Chico et Rita” à aller le voir au cinéma ou acheter le dvd. C’est mieux (surtout pour les artistes) que de le regarder sur You tube.… Sur le dvd, le making of nous apprend comment a été construit le film, et on voit et entend les musiciens en studio. Vraiment génial!….. Merci Chico et Rita!