Les grandes rencontres

Basie duke départBattle royal!….

La grande époque!….Dans les années 30, les grosses machines à swing s’affrontaient souvent dans les dancings de Kansas City ou de Broadway. Les contest étaient fréquents entre les orchestres de Chick Webb ou de Count Basie. Il n’était pas rare de voir et d’écouter deux big bands dans le Savoy Ballroom de Harlem, “home of the happy feet” dans lequel il fallait,  paraît -il,  changer souvent le plancher tant les danseurs s’agitaient!…

J’ai voulu rassembler ici la courte histoire sélective de rencontres inédites entre orchestres ou entre jazzmen…..

La plus célèbre est sans doute celle de la rencontre royale entre les orchestres de Count Basie et de Duke Ellington le 7 juin 1961 à New York City. Un vrai régal qu’ont voulu faire revivre très récemment nos amis français Michel Pastre et Arnaud Mignard avec leurs propres big bands. Dans les années 1990, on avait pu assister,  dans le cadre de “jazz aux remparts” à Bayonne, à un beau duel entre les orchestres de Claude Bolling et dIllinois Jacquet!….  Beaucoup s’en souviennent!!!….. Et surtout Dominique Burucoa qui avait eu l’idée de cette rencontre……Mais revenons à 1961 dans ce studio, on avait séparé les belligérants (canal de droite et de gauche) . Mais tous ont participé ensemble à la grande fête. Le résultat est fameux . L’effet stéréophonique fait bien entendre les deux batteurs Sonny Payne chez Basie et Sam Woodyard chez le Duke. C’est déjà quelque chose!….. Les deux chefs pianistes s’envoient des petites notes ça et là avec la marque de fabrique. Les solistes peuvent enfin s’exprimer ensemble. Du grand art. L’enregistrement est vivifiant, je peux vous l’assurer!…..pour les peu nombreux qui ne le connaissent pas encore…..

big reunionAutre rencontre,  ou plutôt  retrouvaille historique. La Big Reunion de 1957!. Le cornettiste Rex Stewart a réuni en studio plusieurs anciens de la formation de Fletcher Henderson. Une incroyable pléiade de très grands du jazz sur un même splendide enregistrement . Juste pour la route.. Coleman Hawkins, Ben Webster,  Al Casey, Dickie Wells!…. Ce disque, paru avec la célèbre pochette de studio ci-contre chez Fresh sound,  est ressorti chez nos disquaires sous le nom d’accroche” “Cool fever!” , avec en couverture! une pépée dénudée au milieu d’instruments de musique. Ce n’est pas pour le supermarché du coin !…. C’est pour vous!…si vous n’avez pas encore l’enregistrement culte. On le trouve partout et notamment sur Amazon! … Vous l’avez remarqué et désolé pour les lubriques … je vous reproduis ici la photo originale de l’orchestre. On voit bien Hawkins et Webster,  avec debout derrière eux le clarinettiste Buster Bailey. En haut de la photo, Rex Stewart (en chemise étoilée!)  surveille bien les opérations.

Et puis, comment ne pas honorer à jamais Lionel Hampton, le vibraphoniste et chef d’orchestre,  réunissant autour de lui de 1937 à 1940 ce qui se faisait de mieux dans les orchestres de Duke Ellington, Count Basie, Earl Hines ou Cab Calloway. Rencontres encore sublimes!. Et Milt Buckner, dans es années 70 reprenant les lames du vibraphone d’Hampton pour faire rejouer et fort bien! les anciens de Lionel (Eddie Chamblee, Arnett Cobb, Al Grey….). Ella Fitzgerald avec les orchestres soit de Duke Ellington, soit de Count Basie, c’était pas mal non plus…Et Frank Sinatra avec Basie…Nat King Cole et tous les grands du show biz dans ses émissions de télé ?… Superbe!…

 

a coltrane ellington]D’autres rencontre plus moins réussies, avec des configurations plus réduites,  sont à signaler dans ce billet. Celle par exemple de John Coltrane avec Duke Ellington le 26 décembre 1962 enregistrée par Rudy Van Gelder dans un studio du New Jersey. Les deux grands du jazz, qui étaient entourés alternativement  de Jimmy Garrison et de Aaron Bell (bassistes), de Elvin Jones et de Sam Woodyard (batteurs), ont déclaré avoir l’un et l’autre été honorés de partager ainsi la (leur) musique.  Le résultat à mon goût est assez improbable. Le génie de la recherche du climat est commun,  mais ici , on joue en restant le même..Coltrane interprète fort bien “in a sentimental mood”, morceau qui le rapproche de sa quête de l’absolu. Elvin Jones, que ça  gratouille,  crée une sorte de double tempo assez réussi.

La rencontre est intéressante. Sur “Take the Coltrane”, sorte de “tiens, prends le toi!“, Coltrane délire,  et Duke joue son Monk en restant taisant pendant le solo débridé du saxophoniste comme sur “Angelica”. Amusant aussi d’écouter Coltrane discourir sur un blues (“Stevie”), avec derrière  l‘afterbeat fidèle de Sam Woodyard qui essaie,  peut- être vainement,  de le pousser comme il le faisait avec Paul Gonsalves!… J’aime beaucoup dans cet enregistrement “My little brown book”,  un magnifique thème de Billy Strayhorn.

Et puis,  je citerai en vrac des rencontres qui m’ont souvent intéressé et spécialement celles qui ont mis en lumière  nos hexagonaux. Stéphane Grapelli avec l’orchestre de Bolling (“first class“) ou celui de Michel Legrand. le beau duo du même Grapelli avec Oscar Peterson ou encore  Michel Petrucciani. Pourquoi ne pas évoquer les rencontres du même Petrucciani avec Eddie Louis (“conférence de presse”) , de l’accordéoniste Richard Galliano avec le bayonnais Michel Portal (“Blow up”1996), ou de Galliano encore avec le trompettiste Wynton Marsalis (“from Billie Holiday to Edith Piaf” à Marciac).

Le producteur Norman Granz est le roi des rencontres  multiples entre les grands du jazz dans le cadre des “jazz at the philarmonic” dans les années 50 et 60. L’aventure s’est poursuivie pour la firme Verve (Gerry Mulligan- Ben Webster ou encore Zoot Sims- Count Basie… )

Chez les frenchies, je reste sous le charme des rencontres de Claude Tissendier et de Saxomania avec des grands du jazz (Benny Carter, Phil Woods, Guy Lafitte, Spike Robinson ou encore Clark Terry). Un autre toulousain accomplit depuis  plusieurs années un travail fantastique. Il s’agit de Paul Cheron et son Tuxedo big band. Les rencontres, ici , ce sont avec de grands noms comme récemment Bob Wilber, mais Paul aime  rechercher et reprendre les superbes arrangements des orchestres de Fletcher Henderson, notamment. Il faut signaler ici la présence dans cet orchestre phare de certains de nos talentueux amis de la côte basque et landaise. Je veux citer ici le pianiste Didier Datcharry, le saxophoniste Stéphane Barbier ou encore le tromboniste Sebastien Arruti.

Anachronic 2012 couleurPour finir, j’évoquerai ici les retrouvailles des “anciens” de l’Anachronic jazz band qui son entrés, au moment où paraît ce billet,   comme au monastère,  dans une sorte de retraite méditative mais joyeuse à Bayonne,  pour travailler de nouveaux arrangements, se produire en concert,  et nous sortir,  on l’espère, un très beau disque…..

Profitez aussi de lalecture de ce billet pour aller découvrir le nouveau jipiblog modernisé……

Que de belles rencontres à prévoir pour un proche avenir!….Car la musique,ça se partage et ça se sublime par la confrontation avec les autres.

 

 

 

 

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