Karukera jazz
Dans “l’île aux belles eaux” (Karukera), notre Guadeloupe, le jazz s’est développé et a créé sa propre spécificité au contact des musiques traditionnelles. La biguine a fortement influencé les jazzmen, et on la retrouve souvent dans leurs répertoires. Les musiciens d’ici puisent aussi dans la mazurka, le calypso, la valse et le reggae, voir le zouk!… Leur musique, qui a emprunté également aux cubains, permet une immersion dans toute la Caraïbe. D’ autant que les îles de Martinique ou de Sainte Lucie très musiciennes aussi, participent à cette large fusion.
Alors où écouter les jazzmen de la Guadeloupe ? Et qui sont -ils ? Lorsqu’on aime la musique live , et plus spécialement les rythmes jazzy, il faut connaître le “New Petit Paris” à Gosier. Notre ami Lionel Age ouvre en fin de semaine la petite scène aux musiciens de l’archipel. Un dernier passage dans cet endroit me donne l’occasion d’évoquer ici les figures du jazz guadeloupéen. L’énumération qui suit n’est pas exhaustive. Elle reflète mes goûts, mes choix, et repose sur mes écoutes dans les clubs ou sur disque. Les lecteurs pourront à loisir dans les commentaires compléter ce panorama à l’évidence incomplet.
Le pianiste Alain Jean Marie depuis fort longtemps vit en métropole. Sa renommée et son talent sont connus de tous. Il vient parfois se produire ici comme le martiniquais Mario Canonge que nous avons récemment écouté à l’auditorium de Basse terre.. Tous deux évoquent avec émotion le souvenir du saxophoniste Robert Mavounzy qui a joué avec les plus grands jazzmen mondiaux dans les années 50.
Revient également en mémoire de tous, le nom de Al Lirvat, tromboniste lui aussi l’égal des pointures américaines. Mavounzy et Lirvat ont beaucoup joué à Paris et dans les casinos de la métropole avec des musiciens comme Don Byas, Dizzy Gillespie ou Stan Getz. La brasserie “la Cigale” était le rendez vous parisien des antillais dans les années 50 et 60. Les ouvrages de Gilbert Coco (ed.Nestor) et d’Henri Debs (Histoires vécues) sont riches en souvenirs et beaucoup peuvent ainsi se souvenir des anciens comme les saxophonistes Germain Cécé ou Emilien Antile .…
Il nous reste ici quelques “gloires” , les saxophonistes Camille Hildevert (“Soprann”) et Eddy Gustave que j’ai rencontré il y a peu de temps. L’altiste Emile Antile a pris la place de son père Emilien. Encore en activité, le trompettiste Happy Lewis , originaire de la proche île d’Antigua, apporte sa touche bluezzy aux formations de Gwada. Je placerais volontiers sur un podium mon ami Roland Louis, un pianiste que tout le monde connaît et apprécie. Une pensée émue pour le guitariste André Condouant, fort connu “hors frontières”. Il vient de nous quitter quelques mois après un autre guitariste talentueux, Philippe d’Huy.
Dans la génération actuelle, il faut citer les saxophonistes Alain Joséphine (également artiste peintre et écrivain!) , Olivier et Jérôme Cafafa, Sylvain Joseph, Philippe Sadikalay (groupe “Soft”) ,le “gwadacanadien” Jocelyn Menard, le mondialement connu Jacques Schwarz-Bart, ou encore le “basterrien” Claude Simonet, le cornettiste Felix Saint Cirel, les guitaristes Gilbert Coco, Raymond Winter, Christian Laviso, Alex Jabot, Marc Bernos, Jean Claude Damprobe, Jean Noël Poulmarch, Jean Pierre Maston, Gilles Petrus (“sambia”), les bassistes Joel Larochelle, Luc Souriant, Marc Jalet, Fabrice Fanfant (également animateur télé!) , Raymond d’Huy, André Allenbach, Daniel Reimoninq, Michel Castry et Max Fontes, les batteurs Raymond Grego, Guy Herbert, Georges Juravert, Jean Philippe Fanfant, Jean Claude Montredon, Michel Mado, Eric Danquin, Sonny Troupé et Willy Bissainte (également navigateur dans la course du Rhum!), les percussionnistes Fred Desplan et Valérie , les pianistes Annick Noël, David Fackeure, Jean Michel Lesdel, Eric Fontes, Alfredo Do Nascimiento, Dominique Bérose , David Dahomay (“maracujazz”), Michel Monrose, Jocelyn Marbeuf et Steve Browman, l’harmoniciste Roger Beligny , les violonistes Julie Aristide et Bruno Jofa....et tant d’autres que j’oublie…..
Dans la sphère du jazz caraïbéen, on se doit de ne pas oublier les chanteurs et chanteuses. Une des plus célèbres, c’est Tricia Evy qui se produit sur les scènes du monde entier. Mais elles sont nombreuses à s’exprimer sur notre archipel avec talent. Je pense notamment à Karine Delaunay, à Noèmie, mais aussi à Dominique Velleyen (de la côte sous le vent!). Pour mieux les connaître, et les apprécier, il suffit d’aller les écouter au “New P’tit Paris” au Gosier, cet endroit très sympa de musique live ou un vendredi sur deux prend place le célèbre bœuf!……
Tant qu’on est dans les lieux où ça groove bien, je vous ai déjà parlé de “la spatule créole” à Basse terre, “Warm Africa” à Baillif, mais aussi “l’Atrium” à Bouillante-Pigeon. N’oublions pas les restaurants de la marina de Rivière-Sens à Gourbeyre qui accueillent souvent les orchestres.
Il faudrait rajouter les lieux de la Grande terre que je connais moins bien : (le “Yacht club” de Pointe à Pitre, “l’appart 971” et le “ja’ri beach” à Jarry,) ou même les clubs de Marie Galante (coucou BlackMezzo!….).
Pour terminer, il faut savoir qu’il existe deux beaux festivals. Celui d’Ilotjazz à Pointe à Pitre au mois de décembre, et “Terres de blues” (fin mai) à Marie Galante. Sachez aussi que nous avons à notre disposition sur internet le site du “Bananier bleu” qui sera beaucoup plus complet que mon billet.
Le jazz à Gwada, ça bouge bien!…. MIZIK JAZZ fè nou boujé isidan !!