la batterie
Allons enfants de la batterie!… Mon dieu, qu’ils sont nombreux!… Comment faire figurer tous les bons batteurs dans mon petit billet?… Mission encore impossible… Essayons quand même. Encore une fois, mes goûts me guideront…..
Je ne sais si ce sont les jazzmen qui ont inventé cet instrument si particulier. Un jour, un musicien a sans doute rassemblé en restant assis, tous les éléments de percussions ou les plus importants que portaient ses collègues dans les fanfares!… J’imagine que c’est comme cela que se sont constituées les premières batteries, en disposant autour du tabouret , des tambours (les toms), les cymbales, les pédales pour actionner le tout, enfin, toutes sortes d’accessoires comme les cloches (cowbells).
Les premiers batteurs de la période neo orléanaise sont légion. Je retiens ici Baby Dodds, et Zutty Singleton, ce dernier étant certainement le premier à avoir développé l’art du solo, alors que jusqu’alors, le batteur de contentait de marquer les temps par des brefs roulements, puis plus tard, en utilisant la cymbale actionnée par une pédale (la charleston). Encore plus loin dans le temps, des musiciens comme Jo Jones, le papa de beaucoup, ont développé l’art de manier la cymbale ride et de jouer vraiment avec tous les éléments de la batterie… Ce véritable artiste qui a “poumonné” l’orchestre de de Count Basie dans les années 30 et 40, a ouvert de nombreuses voies aux batteurs de la grande époque, notamment celle des big bands.Alors des noms? En voici : pour les grandes formations : Chick Webb, Sonny Greer, Kaiser Marshall, James Crawford, Gene Krupa, Louie Bellson, Panama Francis…
Certains sont à classer à part comme Lionel Hampton, mondialement connu comme vibraphoniste, mais un des batteurs les plus swing, les plus spectaculaires (comme Sonny Payne chez Basie). Je veux également placer en avant Buddy Rich, fantastique meneur d’homme et véritable showman. Je viens d ‘écouter un cd dans lequel il chante presque… comme Sinatra!).
Nous avons sur la côte basque et ailleurs…une tendresse particulière pour l’ex-batteur de Duke Ellington, le formidable Sam Woodyard… Un tempo époustouflant avec un marquage du temps qui ne pouvait que pousser au plus profond du swing. Le saxophoniste Gérard Badini l’a ramené de New York en 1975… et beaucoup de musiciens, comme le trompettiste François Biensan (lui aussi excellent batteur!) l’ont fait jouer avec eux.
Les grands drummers de la période dite classique, sont chers à nos coeurs. En voici quelques uns:
Dave Tough, Big Sid Catlett, Cozy Cole, J.C Heard, Lee Young, Michael Silva, Oliver Jackson, Bobby Durham, Shadow Wilson, Gus Johnson, Rufus Jones, Osie Johnson, Frankie Dunlop, Al Levitt, Butch Miles , Eddie Locke, Ed Thigpen, Chuck Riggs, et j’en oublie certainement des dizaines ….
On a tendance à écrire (et ça devient un lieu commun!) que l’art de la batterie s’est modifié avec l’arrivée du be bop vers 1945. C’est un peu vrai, car à cette époque, le jazz lui- même s’est aventuré vers de nouvelles voies Mais c’est aussi inexact, car des batteurs, tels le déjà cité Jo Jones, avait déjà montré, quelques années auparavant, beaucoup de choses fascinantes au plan technique. Mais, bon, c’est comme ça. on classe….
Alors, parlons à présent de Kenny Clarke (qui a beaucoup vécu en France). Avec lui, et grâce à son art, la batterie est devenue beaucoup plus active. Les tempos ne sont pas seulement assurés par la cymbale ride, ou la charleston.
L
a grosse caisse et la caisse claire sont à présent utilisées pour accompagner, non pas uniquement le tempo du soliste ou de l’orchestre, mais le discours musical. C’est la libération des pieds et des bras, pour une participation totale, parfois trop encombrante. Avec le batteur Max Roach, on revient à plus de rigueur. Avec Art Blakey, (période churchy), on appuie fortement sur le fond du temps (ex: “blue march”). La batterie devient aussi mieux enregistrée. Elle a gagné une place de choix.
Apparaitront au cours d’une période plus récente des batteurs de qualité ( Shelly Manne (style West coast), Philly Joe Jones, Elvin Jones, Roy Haynes, Art Taylor, Alan Dawson, John Riley, Joe Morello , Jimmy Cobb, Charlie Persip, Chico Hamilton, Mel Lewis. et plus tard encore, des musiciens encore plus modernes pour cette période de jazz rock eu de jazz fusion que, disons…je connais très mal….( Jack Dejohnette, Paul Motian, Steve Gadd, Billy Hart, Tony Williams, Billy Cobham, Peter Erskine).
Et si, pour terminer, comme souvent ici, nous évoquions les noms de nos french drummers ? Ils sont nombreux et pardon à l’avance pour les oublis fâcheux. Chez les anciens, il nous faut citer ici Gerard Pochonet, le suisse (?) Daniel Humair que Guy Lafitte choisissait parfois dans ses formations. André Cecarelli, habitué des studios se retrouve dans beaucoup de formations. Nous connaissons les talents de Charles Bellonzi, de François Laudet, de Mourad Benamou, de Guillaume Nouaux, Daniel Garcia-Bruno, Stan Laferrière (aussi bon guitariste et pianiste), Sylvain Glevarec, “tonton” Salut, Simon Boyer et puis ... de Julie Saury!
Dans notre cher pays basque, un petit clin d’œil d’admiration est ici adressé à Marie Héléne et Antoine Gastinel, Jean Duverdier, Manu Martinez, Jean Pierre Darmendrail, Gerald Herman, “pop” Pouzet, Pascal Segala , et Pascal Lacouture…
Je conserve pour la fin, mon ami Jean Paul Decourchelle, notre drummer “happy feet”, (grand admirateur de Jo Jones), un de ceux qui m’a le mieux fait découvrir cette merveilleuse musique. Il me pardonnera mes choix dans ce billet …De ce point de vue, je reste un mauvais élève….
L’avis éclairé d’un grand spécialiste!!!. Mon professeur!…Tu as oh combien raison jean Paul!
Je m’en veux d’avoir oublié Alvin Queen et Michel Denis notamment. Tous les récents aussi…encore bien jeunes et talentueux!…. Mais les commentaires sous les billets , ça sert à complèter et à commenter.
Je viens de relire dans un numéro de “jazz classique” l’importante interview de Guillaume Nouaux. Ce qu’il dit sur les batteurs de la nouvelle orléans (à ne pas confonfre dit-il avec ceux issus du jazz traditionnel) vaudrait largement un billet. Il parle notamment de Minor Hall, le premier qui l’a beaucoup inspiré.(il n’écoutait au début que du Kid Ory!) Merci Jean Paul d’avoir complété cette étude rapide et donc incomplète….On apprécie tous ta science…
Hello Pierre !
Tout d’abord merci pour ton texte élogieux.
Voici tout de même un commentaire. Au début à la Nouvelle Orléans les orchestres étaient des fanfares, ce qui impliquait trois percutions et donc trois musiciens: caisse claire, grosse caisse, cymbales.Lorsque les orchestres s’installèrent dans les clubs, cabarets, bouges et autres, cessant d’être ambulante la batterie ne nécessita qu’un musicien jouant l’ensemble de l’instrument. Le batteur y ajouta cymbales, woodblock (barres en bois), cloches. Puis arriva la cymbales charleston d’abord juste à hauteur de pied; puis elle grandit et s’accionna avec une pédale.L’inventeur en serait Vic Berton batteur lui-meme.
En ce qui concerne les batteurs français il faut mentionner Christian Garros (double six, professeur, grand orchestre sous son nom)dans les années 60,70,80 ; Armand Molinetti (40,50) entre autres avec Noel Chiboust, Django Reinhartet Alix Combelle.
Pierre Fouad (Combelle, Reinhardt, aimé Barelli années 40 et 50) ; Arthiur Motta (années 60) le grand batteur d’origine italienne de Claude Bolling; et surtout Michel Denis (badini, milanta tout le gotha américain)
Aujourd’hui les grands noms : Alvin Queen (venu plusieurs fois à Bayonne et Biarritz),Herlin Riley (qui fit ses débuts chez Wynton Marsalis, Lewis Nash, Kenny Washington, Denis Makrel, Duffy Jackson (fils du contrebassiste chubby jackson, de temps à autre avec Michel Pastre Big Band),Jeff Hamilton (big band, monty alexander, john clayton, diana krall), Jeff Hamilton le batteur de Dan Barrett (même nom), Bernard “prtty’ Purdie (de james brown à carrie smith en passant par jacquet et warren vaché)
Joe Ascione (avec Joey de Francesco, John Pizarelli et Rande Sandke), Eddie Metz jr batteur du label Arbor records (Joe sullivan), Gregory Hutchinson (Benny Green, Ray Brown),
Bref, c’est le bonne nouvelle, le jazz est sans fin.
Swinginly yours
Jean-Paul