un amour de saxophone
Inventé par le belge Adolphe Sax vers 1840, le saxophone est un instrument conique à anche simple, qui possède une tessiture de deux octaves et une quinte. Beaucoup d’instrumentistes parviennent à monter davantage les notes en jouant sur les harmoniques. Mais on ne peut descendre plus bas que le la bemol grave (piano) pour le tenor, et le ré bemol pour l’alto. Rapidement, et pour simplifier, il existe quatre types de saxophones. Le soprano, le plus aigu, accordé en Si bemol, et, en descendant dans le grave, l’alto accordé en mi bemol, le tenor, accordé en si bémol, et le baryton accordé en mi bemol.
Le saxophone occupe dans nos coeurs, (c’est du moins mon cas) une importance considérable. Les auteurs du “Dictionnaire du jazz” de chez Robert Laffont ont affirmé: “le saxphone deviendra l’instrument symbolique du jazz, plus encore que la trompette, parce que d’une part, il ne connaît pratiquement pas d’autre répertoire, que d’autre part, il a engendré un nombre important de musiciens décisifs pour l’histoire du jazz, voire celle de la musique en général”. En effet, plus encore que la clarinette, l’instrument permet de dégager de la fluidité, de la mobilité et une sorte de souplesse dans l’expression qui a fait le bonheur des arrangeurs de grands orchestres. Les grands musiciens ont trouvé dans le sax, un merveilleux moyen de développer et de faire “jouer” toutes leurs sensations, leur feeling profond, en utilisant aussi leurs capacités d’improvisation. C’est un miracle permanent. Le sujet est vaste. J’aurai le plaisir dans deux prochains billets, de tenter de vous présenter les principaux stylistes de jazz de l’alto, puis du tenor.
Parlons rapidement des différentes marques. Cocorico!, c’est une firme parisienne, la maison Selmer, qui fournit les plus beaux saxophones dans le monde entier (1.700 par mois en 1995). Mais la concurrence se fait de plus en plus rude et les marques Buffet Crampon ou Yamaha, voire Yanagisawa, occupent une place méritée sur le marché. Il existe une marque allemande (Couf) qui fait actuellement fureur (sans jeu de mot!). Un ami de l’Alexander big band de Bayonne m’en a fait essayer un cet été . Une merveille!…
Le son se modifie suivant la manière de jouer, mais aussi en tenant compte du matériel. Les anches sont le plus souvent en roseau (du Var!), mais elle peuvent être fabriquées avec de la résine synthétique. Elles sont alors plus régulières et plus résistantes. Elle peuvent aussi faire hurler les puristes!….. Mais c’est certainement le bec qui donne une véritable couleur au son. Il peut être en ébonite ou en métal. Les becs Otto link metal et Larsen ont beaucoup été utilisés depuis les années 50 chez les tenor.La marque Meyer réussit aux altistes. . Mais la maison Vandoren fournit à présent des becs compétitifs. Le bec peut être plus ou moins ouvert. Il possède une chambre large ou étroite…Certains musiciens modifient la forme interne du bec, en y ajoutant de la résine, voire de la pâte à modeler….En fait, en jazz, plus qu’en musique classique, il y a autant de manières de préparer et de monter son instrument que de saxophonistes. Et c’est toujours passionnant d’écouter les uns et les autres jouer, mais aussi discourir. Les discussions des saxmen entre eux sont sans fin. Il suffit d’aller sur les forums d’internet pour avoir une idée des nombreuses préoccupations des fans de l’instrument. Mais c’est surtout musicalement, et dans divers contextes, que l’on prend plaisir à capter l’originalité de chacun….Avec plus ou moins de bonheur, mais toujours une grande passion!
Nous nous accordons tous sur une évidence. Tout est dans le son…Surtout le son du musicien qui fait corps avec l’instrument dans une seule colonne d’air, allant du plus profond de l’abdomen de l’instrumentiste jusqu’au pavillon de son biniou. C’est donc l’homme (et de plus en plus la femme!) qui produira avec son sax le chef d’œuvre espéré. Mais que de chemins à parcourir pour obtenir un honorable résultat!….On dit souvent qu’il est facile de jouer du sax, mais que c’est très difficile de bien en jouer…De quoi en décourager beaucoup!….C’est qu’il faut être exigeant avec soi même, travailler et retravailler…
Mais il faut aussi posséder un saxophone bien réglé , qui bouche bien. Monté, préparé par des artisans renommés comme ceux de chez Selmer , le saxophone est un assemblage de pièces qui doivent se trouver en harmonie les unes avec les autres. Le moindre décalage, la moindre fuite millimétrique pourra devenir cause de fausseté ou d’impossiblité de jouer. Il faut constater comment parle de ces exigences techniques Philippe Maté dans le très intéressant “histoires du saxophone” de François et Yves Billard -climats-. Dans ce même livre, que je conseille vivement , on découvre comme Gérard Badini, un de nos meilleurs saxophonistes français, mais aussi “essayeur” chez Selmer, choisissait pour les plus grands stylistes du jazz (Stan Getz, Dexter Gordon, Lee Konitz, Johnny Griffin) le plus performant dans les modèles de saxophones , eux mêmes triés avec soin dans le célèbre magasin parisien.
L’instrument possède une belle et riche histoire. Il en a fallu des prototypes, des drôles de machines, pour que naissent ceux qui ne se sont jamais démodés et qui sont utilisés pas les saxmen d’aujourd’hui. Je pense notamment aux Balanced action joués par le légendaire Lester Young et par Zoot Sims , le Cohn Company (dédié à Chu Berry), ou encore le Mark VI (Selmer) (sorti en 1955) qui semble rester le chouchou des pratiquants affûtés. Je ne sais si certains jouent encore le Cigare-cutter né à la fin des années 20, la Rolls des sax dans les années 30. On peut en écouter le son sur You tube….Les vieux saxophones, souvent dépolis, sont en effet jouables et préférés par nos grands instrumentistes, et ce malgré une délicate ergonomie…Ah, le son! toujours le son!…..Si vous aimez voir des bijoux de sax plutôt anciens , vous pouvez consulter le très bel ouvrage “Saxo, l’instrument mythique” de Andrea Zermani (Gründ).
Il y aurait encore beaucoup à écrire sur le saxophone….Le mieux est de le découvrir davantage…Il ne semble pas se démoder, bien au contraire. On a abandonné, semble t-il, les expériences avec des sax-synthé…Ce qui tend à démontrer, que le sax, vient du fond de l’âme, que c’est un merveilleux instrument acoustique, prolongement du souffle humain…L”avenir lui appartiendra…tant qu’il y aura le souffle.
Lilian, merci pour ton message. Toi aussi tu es un amoureux du sax!. En 1999, tu avais un magnifique tenor Selmer Vernis noir..Superbe! Et tu jouais bien Lilian. Je suis sûr que c’est toujours le cas!…As- tu des nouvelles de Laurence Beaumarchais, notre super chanteuse du club 32 ? Je suis en liaison fréquente avec Pierre Louvet. Amitiés si tu les vois aux amis Montoya, Fauchard, Chotard, Jean Yves Duclos et les autres….. Oté la Réunion! Ici SA KAY A GWADA!
Bonjour cher Pierre
Tu dois bien compendre que je n’arrête pas de dire tant de choses de toi à tes anciens potes de La Réunion.Pas plus loin qu’hier au Casino de St-Gilles, j’ai vu JF Fauchard qui swinguait son piano avec sa main dans le plâtre (chapeau !!)
Et puis j’ai donné ton bonjour à JF Bosc (très malade et dépressif)
Revenons à ton billet que je suis de près surtout lorsque tu parles de sax !! Mes fidèles lieutenants restent en ce moment
Rollins,C.Hawkins et Scott Hamilton etc.etc..
Je me suis beaucoup de potes musiciens dans le BAB (ta région natale) et nous en reparlerons
Bravo et continue de belle choses sur les saxophones Pierre.
Amitiès
Ravi Pierre, de ton intervention sur le jipiblog. Avis d’un connaisseur et d’un passionné. Si tu as bien lu mon billet, tu as du voir que je m’apprète dans les prochains billets à évoquer des saxophonistes les plus marquants. j’ai voulu dans celui-ci me contenter de la présentation (à ma manière…) de l’instrument. Badini, Lafitte, Maté etc… ne sont cités que dans ce contexte….Bien sûr que je pense à André Villeger, notre professeur à beaucoup!….
salut Pierre,
bon mot de Guy Lafitte: “Le saxophone ténor est l’instrument le plus facile… à mal jouer!”
D’autre part, en parlant de son, je suis étonné que tu ne mentionnes pas Ben Webster, Paul Gonzalves, Byas, Lockjaw Davis, Lew Tabackin, ce dernier qui joue toujours comme à 20 ans (nous jouions dimanche après-midi à Bruxelles)
André Villeger a un son exceptionnel ((nous jouions samedi soir à Paris, ben oui, pas trop le temps de dormir)
Et puis les modernes comme Coltrane, Bob Berg, M. Brecker etc…
amitiés,
Pierre Boussaguet