Georges Brassens
En cette année 2011, si nous nous souvenions de Georges Brassens, né le 22 octobre 1921 (il y a 90 ans) et disparu le 29 octobre 1981 (maintenant 30 ans) ?. Il figure incontestablement dans le panthéon des grands artistes de la chanson française.
Il mérite largement cet hommage, qui est déjà et sera relayé durant toute l’année dans les médias. Dans mes billets, je ne peux oublier ce poète qui occupe une large place dans mon héritage personnel. Dans les années 60, m’accompagnant à la guitare, je connaissais par cœur au moins une trentaine de ses chansons. Ici, en Guadeloupe, où on aime beaucoup la chanson française, il ne se passe pas une soirée entre amis au cours de laquelle on ne chante pas du Brassens.
A la réflexion, je me demande si je n’ai pas connu et aimé Brassens avant le jazz….A la maison, c’était la tradition. A chaque anniversaire de mon père, on voyait arriver un nouveau disque de Brassens…A 10 ou 12 ans, c’est rigolo d’écouter ce monsieur moustachu (on avait les pochettes célèbres de Polydor puis de Philips!) qui disait plein de gros mots et qui chantait librement ….sur beaucoup de choses….Mon père n’était pas du tout du genre anar, mais il adorait Brassens. Il n’ était pas instauré, je m’en souviens, une particulière censure à la maison. Mais c’est vrai, sur le plan des principes de l’époque, il n’était pas souhaitable que les enfants écoutent les disques de ce chanteur un peu bourru et grossier (interdit sur les radios!) . Mais…les parents, il leur arrivait de s’absenter…alors….
Il n’y a pas que les paroles. J’adore aussi cette manière qu’utilise Brassens pour s’accompagner, manière dont on a souvent dit et écrit qu’elle était monotone…Pourtant, ces harmonies, ses tournures de phrase, parfois répétitives, sont pleines de richesse. De plus, Brassens se sert fort bien de sa guitare et de la métrique des thèmes. Voici ce qu’écrit le guitariste Joël Favreau, son accompagnateur pendant les dernières années :“il (Brassens)ne se prenait pas pour un virtuose de la guitare, mais plus d’un instrumentiste patenté aurait pu lui envier sa rythmique d’acier, régulière et puissante comme une locomotive, pendant que sa voix se baladait à plaisir. Il chantait en décalant avec une facilité incroyable. Je lui en avais fait la remarque, et depuis, chaque fois qu’il m’apercevait en coulisses, il en rajoutait dans le décalage, jusqu’à se mettre complètement à l’envers, et revenir à l’endroit en rigolant”.
Musicien, mais aussi poète et quel poète!……Nous y voilà. Brassens ne s’est jamais déclaré chanteur. Il se disait poète. La poésie est partout chez cet artiste qui a adoré lire Villon, notamment. La poèsie, on la retrouve dans sa voix, dans sa musique, et dans ses textes, qui sont des splendeurs, à présent étudiés dans les écoles, collèges ou lycées portant le nom de leur auteur.
Dans ses chansons, Brassens se moque de tout, mais en même temps il a un grand respect pour beaucoup de choses. De ce fait, il joue les contrastes à merveille (les femmes, les curés, les croquants….). La mort semble l’obséder, mais quelle joie de vivre et quelle leçon d’espérance….Et puis cet humour!..ravageur….sur des thèmes lugubres…C’est fort çà!…… (“les funérailles d’antan”). Beaucoup de tendresse aussi, avec souvent un pied de nez, voire un coup de pied aux fesses, à ceux qui n’acceptent pas que l’on suive une autre route qu’eux…Alors, un anarchiste ? un “bouffeur de curés” ? …Pas si sûr, chez ce tendre, qui n’aimait les castagnes que dans ses chansons (“au marché de Brive la Gaillarde“), chez cet athée humaniste qui avait un père anti clérical, mais une mère dévote. Je pense à la “marguerite” tombée du bréviaire de l’abbé. J’évoque aussi ici “la prière”… mais peu savent que le texte (magnifique) a été écrit par poète Francis Jammes. Brassens disait qu’il était “un malheureux qui voulait croire en Dieu, mais qui n’y arrivait pas“…..Un mot sur la grossièreté de Georges Brassens. Il a raconté lui même que sa pauvre maman qui en a entendu!…. et qui avait horreur des gros mots…, se demandait comment elle avait couvé un canard qui parle mal, un canard si mal embouché….
L’ordre, les gendarmes, c’est vrai, il n’aimait pas…mais alors pas du tout! . Il prenait même un curieux plaisir à se placer volontiers du côté des voleurs (“la mauvaise réputation”, “stances à un cambrioleur”, ou encore “la mauvaise réputation”). Je pense aussi au “gorille”, chanson dans laquelle le juge passe un mauvais quart d’heure!….
Partout, des mots forts , justes et peaufinés , parfois venus du temps passé, pour faire la rime…J’ai une tendresse particulière pour ses premières chansons, celles de 1952 à 1956: “le parapluie”, “la chasse aux papillons”, “l’orage”, “le petit cheval” (texte de Paul Fort) , “Brave Margot”, “Pauvre Martin “, “la cane de Jeanne”, “je suis un voyou”, “Putain de toi”, “les sabots d’Hélène”, l’auvergnat”, “auprès de mon arbre”, l’amandier”, “je me suis fait tout petit”, et combien d’autres…Je vais dire, même si c’est un lieu commun, qu’elles ont berçé mon adolescence. Mais celles qui sont venues plus tard jusqu’en 1976, ont peut-être plus de force encore. Les idées sont exprimées avec clarté et c’est certain, provocation. Elles sont d’autant plus superbes: “le mécréant”, “les trompettes de la renommée”, “supplique pour être enterré à la plage de Sète”, “la religieuse”, “Fernande….”
Et puis, et c’est loin de me déplaire, Georges Brassens adorait le jazz. Tout jeune arrivé de Séte à Paris, il a écouté pendant la guerre, ce qui se faisait de mieux , l’orchestre de Ray Ventura notamment. Dans son répertoire , il a introduit le jazz, se prenant pour un trombone (“les copains d’abord“) . Par la suite , bien plus tard, grâce au batteur “Moustache” Galepides, il a eu le grand bonheur de jouer avec des jazzmen hexagonaux (“les petits français”), mais aussi avec des pointures américaines (Eddie Davis, Harry Edison (“au bois de mon coeur”), Joe Newman (“la marche nuptiale”), Cat Anderson, ou Dorothy Donegan.). Ecouter tous ces giants of jazz faire revivre les chansons de Brassens en les swinguant encore plus (car Brassens swingue déjà!….), est assez impressionnant.
Plus tard encore, le trompettiste bordelais François Biensan a ré orchestré les airs de Brassens avec une belle réussite (“jazz’in Brassens” 2006. Sortie prochaine). Les jazzmen adorent Brassens. Demandez leur donc!….
Reconnu par beaucoup comme un génie du XXème siècle, il a parcouru les temps alors que se produisaient sur d’autres scènes d’autres admirables vedettes de la chanson (Charles Trenet, Charles Aznavour, Gilbert Becaud, Georges Moustaki, Serge Reggiani, les Frères Jacques, Leo Ferré ou encore , Jacques Brel. Avec ces deux derniers, il a pu échanger très fraternellement dans un immeuble parisien en 1969. Une photo célèbre de Jean Pierre Leloir a rendu l’événement immortel.
Et puis, Brassens avait ses potes à lui dont pour certains ne l’ont jamais quitté comme René Fallet, Pierre Onténiente (“Gilbratar”), Lino Ventura, et Raymond Devos, tous ces bons amis franco de port (“les copains d’abord!”) que l’on a eu la chance de voir “sur le ventre se taper fort” sur le plateau télé du” grand échiquier”…à la fin des années 70.
Pour finir, je vous indiquerais qu’il existe un superbe coffret de 3 DVD paru en 2004 chez Universal.
Bien sûr la discographie de Georges Brassens est fort copieuse. Beaucoup se félicitent d’avoir conservé pieusement les premières pochettes des 14 disques noirs 25 cm. Mais l’oeuvre complète a été éditée à plusieurs reprises. Une nouvelle intégrale doit paraître en novembre 2011 . Elle comprendra 18 Cds avec des documents inédits. Je vous conseille d’acquérir le supplément “Georges Brassens” de la revue “vibrations”. Il vient de sortir en kiosque. Des photos inédites et de beaux textes dont je me suis inspiré pour ce billet.
On a pas fini d’entendre parler de Georges Brassens, qui occupe depuis longtemps une immense place dans nos cœurs.
J’ai reçu l’album annoncé ici par Jipi et dont parle François. En fait, il s’agit de 2 cds. le premier, ce sont les “giants” que j’avais. Le second, enregistré en 1983 après la mort de Georges, je ne l’avais pas!…et je découvre…Assez inégal, mais avec des interventiosn formidables de Salvador et de Clark Terry, notamment…arrangements de Michel Attenoux et de André Villeger. François, étais -tu à la séance?… Ca ne m’étonnerait pas. Il doit y avoir des anecdotes à raconter!.
Merci Pierre pour cette reconnaissance et cet hommage à Brassens… C’était, il est vrai, la moindre des choses… Le ciel sera désormais plus riche que la terre, avec toutes ces disparitions précoces de tous genres…
Bravo à toi de nous faire revivre ce personnage mythique et Ô combien poète exceptionnel si proche du jazz, il ne faut pas l’oublier…
Bises à toi et à tous ceux que tu aimes…
Louvet !
François, tiens nous au courant de la sortie de “jazzin’Brassens”. Pour les “Giants”, je n’ai qu’un CD avec les noms que j’ai annoncès (pochette en photo). Je serai content d’avoir la session complète.
J’ai vu ce CD chez Leclerc, il s’agit d’une réédition des CD des géants du jazz, avec une nouvelle jaquette.
Pour info, je viens de terminer le mixage des séances “Jazzin’ Brassens” qui dataient de 2006.
Je ne connais pas. Jamais entendu parler. A découvrir. Je l’ai commandé sur Amazon.