Le Libre censuré par l’INPI à la Villette
La Cité des Sciences de La Villette vient de mettre en place une exposition intitulée “CONTREFAÇON, la vraie expo qui parle du faux”. Exposition qui s’avère intéressante sur la contrefaçon sous toutes ses formes, faux billets, faux médicaments, logiciels et grandes marques et qui présente toutes les formes de propriété industrielle et intellectuelle
Pour faire le tour complet de la question, le commissaire de l’exposition avait demandé à Isabelle Vodjdani, une spécialiste de l’Open source et des licences libres Copyleft et Licence Art Libre, GNU GPL de faire une présentation audio du libre dans un petit coin de l’exposition.
Or un des sponsors de l’exposition à savoir l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) fortement attaché au vieux concept de propriété en refusant toute forme de licence libre, a exigé de la Cité des Sciences qu’elle retire toute allusion au libre dans le contexte de l’exposition.
Cette initiative occulte donc tout un pan de la propriété intellectuelle et artistique moderne qui conditionne la distribution des œuvres et logiciels libres.
Isabelle Vodjdani publie dans un article sous titré “La vraie expo qui parle du faux” se soucie peu de parler vrai. le texte sur le libre censuré par l’INPI.
Extrait
Le libre, un phénomène en expansion
Dans le cadre du droit d’auteur qui protège les créations littéraires et artistiques, un nombre croissant d’auteurs choisissent de mettre leurs œuvres à la disposition du public avec un type de contrats bien spécifiques qu’on appelle des licences libres. Ces licences autorisent quiconque à diffuser des copies de l’œuvre. Elles l’autorisent également à publier sous sa propre responsabilité d’auteur des versions modifiées de l’œuvre. Ces autorisations sont assorties de deux conditions :
– Premièrement, il faut mentionner l’auteur de l’œuvre initiale et donner accès à ses sources
– Deuxièmement, les copies ou versions modifiées de l’œuvre doivent être publiées avec les mêmes autorisations.Les œuvres libres sont nécessairement divulguées avec une licence qui garantit ces conditions. Parmi ces licences, on peut citer la GNU GPL, pour les logiciels, et la Licence Art Libre, pour les œuvres culturelles. Le domaine des œuvres libres n’est donc ni une zone de non droit ni assimilable au gratuit. D’ailleurs les anglo-saxons associent le mot français « libre » au mot « free » pour écarter toute confusion, car il y a des œuvres gratuites qui ne sont pas du tout libres, et il y a des œuvres libres payantes.
L’INPI a réussi en censurant ce texte, qui serait resté confidentiel dans un coin de l’expo, à lui donner un éclairage beaucoup plus médiatique qu’il n’aurait eu sans cela.
EDIT le 23/4/10
On m’aurait menti ?
L’INPI et la Cité des Sciences viennent de publier un communiqué commun dans lequel ils expliquent la suppression de la partie consacrée au Libre pour éviter une “possible” confusion entre le libre et la contrefaçon.
“… Nous avons finalement choisi de ne pas aborder le thème du logiciel libre dans cette exposition sur la contrefaçon afin d’éviter toute confusion et mélange des genres entre libre et contrefaçon, pour un public non-initié. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une censure mais d’un souci légitime de clarté. De manière générale, le logiciel libre trouve sa place aussi bien à l’INPI, qu’à la Cité”
Le texte intégral du communiqué en pdf
Les deux institutions précisent d’autre part qu’elles utilisent largement les logiciels libres dans leur parc informatique.