Wardell Gray
Ah, j’aime Wardell Gray…J’ai ici l’occasion de le placer dans le jipiblog, dans ma petite chronique, dans la série des “grands du jazz”. Et j’en suis heureux. Certains journalistes de jazz, parlent, pour ceux qui comme Wardell, ne sont pas les plus connus, de “petits maîtres”. J’estime que Wardell Gray n’est ni petit , ni un maître. En voilà un, qui joue très bien, c’est tout!…et c’est déjà énorme! Et pour moi, c’est un grand!
Si j’ai de la tendresse pour ce musicien, c’est aussi car, originaire d’Oklahoma en 1921, il est décédé en 1955, à 34 ans…Il fait partie de ces étoiles filantes, qui éclaboussent de leur gènie, et qui disparaissent dans le ciel, à peine les a-t-on un peu connus. On pense à Clifford Brown, tué dans un accident de voiture à 26 ans. On évoque aussi Scott LaFaro, Lee Morgan, Charlie Christian et bien d’autres…Wardell est mort dans des conditions troublantes. Ce 25 mai 1955, on l’a trouvé, éteint à jamais, sur le bord d’une route dans le désert du Nevada. On a émis beaucoup d’hypothèses sur sa mort (réglement de compte de la mafia pour une dette de jeu ?, crime raciste ?, excès d’héroine?). On ne sait….. Le pianiste Hampton Hawes, qui l’a accompagné les derniers temps, avait pourtant indiqué que Wardell était un des rares à ne pas se droguer…Il faut lire aussi le bouquin de Richard Rayner (“le vent du diable”) qui est un roman inspiré de ce drame.
Il nous reste ses enregistrements…. tous superbes. Pour ma part, je l’ai découvert dans les années 70, avec mes amis de la côte, en regardant (avec un projecteur!….) les fameux soundies, qui étaient distribués par “Film Office”, dans de petites boîtes jaunes . Dans un film de 1951, Count Basie, n’ayant plus provisoirement son big band, animait avec un grand sourire un petit combo.
Magnifique moment dans ce petit studio. La présence de Freddie Green, de Clark Terry (tout jeune!) nous comblait de plaisir. L’apparition de Buddy de Franco, clarinettiste bebop, nous étonnait un peu (depuis, j’aime Buddy!). Et puis, …… on voyait un minot s’avancer vers le micro, avec son tenor qui paraissait hors norme, comme son costard!…Et là, surprise… gros feeling, délectable décontraction, un swing léger, très lestérien…Wardell faisait un p’tit tour et puis revenait à sa place, comme en s’excusant..C’était Wardell Gray, pour moi à cette époque totalement inconnu, même si nous savons qu’il a joué durant sa courte carrière avec Earl Hines, Howard Mc Ghee, Benny Goodman, Dinah Washington et Stan Getz. On le connaît davantage pour ses chases avec Dexter Gordon.
Ce musicien délicat, mais grand swingman, est inspiré (c’est flagrant!) par Lester, mais aussi par Charlie Parker. On l’a classé hâtivement dans les tenors bebop (rares…). En fait, ce merveilleux saxophoniste s’est lui même défini, peu avant sa disparition, lorsqu’il déclarait :” le mouvement bop doit swinguer et le swing doit tenir compte des apports harmoniques du bop”...Tout à fait le style de Wardell!….On a évoqué un “neo classicisme”. Très inspiré de Lester (il faut le répèter!…) dans ses enregistrements de 1947 (“easy swing” et “the man I love” avec Dodo Marmarosa (piano), ou “blue Lou ” avec Erroll Garner), Wardell a, dès 1950, modifié son jeu (nouveau bec ?) pour se la jouer un peu “rhythm and blues” afin, sans doute , de mieux affronter Dexter. A mon sens, ce n’est pas sa meilleure période. Et pourtant, il joue tout doux avec Basie dans le soundie.
Je savais que Carl allait réagir….Ca me fait rudement plaisir d’avoir des retombées comme celles-ci…Eh Carl!, quand tu auras un bout de temps, envois moi un commentaire. Toi, tu joues pas trop dans cet esprit bop-lestérien….Tu es davantage puncheur. j’ai déjà parlé d’Arnett Cobb (qu’on adore tous les deux…). Je pense pour bientôt à Illinois Jacquet!!!…Je me souviens que tu adores Roland Kirk (à cause de la flûte, sans doute!)…On en parlera ensemble, si tu veux bien….
beau et très beau
point
pas le temps désolé trop de taff…
mille pensés
Carl