Dorico 6 : la révolution de la relecture automatique des partitions

Dorico 6 : la relecture musicale automatique, une révolution pour les éditeurs exigeants

Dorico 6 franchit un nouveau cap. Steinberg intègre désormais un système de relecture automatique (proofreading en anglais), une fonction inédite dans le monde des logiciels de notation musicale. L’objectif ? Aider à traquer les erreurs ou incohérences d’une partition avant impression ou diffusion. Plus qu’un gadget, c’est une innovation qui marque un tournant dans la façon de préparer, corriger et finaliser une œuvre musicale.

La relecture automatique s’inscrit d’ailleurs dans un ensemble d’évolutions majeures apportées par Dorico 6, au même titre que les cutaway scores — ces partitions à visibilité sélective qui permettent d’alléger visuellement les passages muets —, décrits en détail dans un précédent article du Jipiblog. Dorico continue ainsi d’étendre ses capacités vers une édition plus fine, plus souple, plus proche des besoins concrets des musiciens d’aujourd’hui.

Nouvelle fonction de Dorico 6 : relecture automatique

Relecture automatique : un assistant dans le détail

On parle souvent de relecture dans le cadre de l’édition littéraire, mais ici, la relecture concerne les partitions. Dorico 6 ne se contente pas d’aligner les notes et les silences. Le logiciel analyse chaque système, chaque indication, chaque articulation avec un œil critique. Cette relecture intelligente va bien au-delà d’un simple correcteur orthographique musical.

Voici les principales catégories de vérifications proposées par Dorico 6 :

  • Mesures incomplètes, excédentaires ou anormalement longues
    Le logiciel détecte toute mesure qui ne correspond pas à la métrique définie : une noire manquante en 4/4, une double croche en trop en 6/8, ou encore des mesures silencieuses mais mal remplies. Il vérifie aussi la cohérence de la pulsation dans les mesures complexes ou irrégulières.

  • Indications redondantes ou contradictoires
    Si une nuance, une technique de jeu ou une expression est répétée sans nécessité, Dorico la signale. Exemple : un pizz. répété à chaque mesure alors que l’instrument n’a jamais repris arco entre-temps. Ou bien un crescendo suivi immédiatement d’un diminuendo sans logique musicale apparente.

  • Absence de dynamiques, de phrasés ou d’expressions essentielles
    Lorsqu’un passage entier est privé d’indication dynamique, de respiration, ou de phrasé dans un contexte où cela semble nécessaire, une alerte apparaît. Idéal pour éviter d’envoyer aux musiciens des parties trop « nues » ou imprécises.

  • Problèmes de mise en page instrumentale ou de jeu
    Dorico 6 analyse les contraintes physiques des instruments :

    • Changement d’instrument (par exemple clarinette basse vers clarinette en si♭) trop rapide pour être réaliste.

    • Passages injouables (accumulation de doubles cordes en position extrême sur un alto, doigtés de harpe impossibles, doigtés de piano très inconfortables, etc.).

    • Collisions possibles entre les éléments de notation (textes, doigtés, altérations…).

  • Voix multiples et superpositions incohérentes
    Le logiciel repère les erreurs d’écriture polyphonique, comme des voix superposées mal alignées rythmiquement ou des silences incohérents entre voix.

  • Silences suspects ou partitions inactives
    Il signale les instruments muets pendant de longues pages, souvent le symptôme d’un oubli de remplissage ou d’un paramètre de visibilité incorrect.

  • Nomenclature et en-têtes
    Des doublons ou incohérences dans la manière de nommer les instruments, les groupes (bois, cuivres, percussions…), ou les en-têtes de système sont également repérés.

Une ergonomie bien pensée

Toutes les remarques générées par Dorico 6 sont regroupées dans un panneau de relecture dédié, accessible depuis l’interface principale. Ce panneau, d’un design sobre et efficace, liste les alertes par catégories (problèmes rythmiques, articulations, dynamiques, mise en page, etc.), avec une icône explicite pour chaque type de remarque.

Chaque alerte est cliquable : un simple clic permet de naviguer directement vers la mesure concernée dans la partition. Une couleur spécifique (généralement un surlignage rouge ou orange discret) met en évidence l’élément problématique à l’écran.

Que faire d’une alerte ?

Dorico 6 laisse toute liberté à l’utilisateur quant au traitement des remarques :

  • Corriger immédiatement : le problème est évident (mesure incomplète, indication manquante…), un clic ou deux suffisent à rectifier.

  • Ignorer l’alerte : utile si l’on choisit délibérément de déroger à une règle ou si l’alerte est jugée non pertinente dans le contexte artistique.

  • Masquer temporairement : permet de se concentrer sur une catégorie d’erreurs à la fois (par exemple, ne voir que les problèmes de dynamique ou d’articulation).

  • Valider manuellement : une fois corrigée, une remarque peut être marquée comme « résolue », ce qui nettoie visuellement la liste et facilite la progression dans le travail de relecture.

Une option avancée permet même d’exporter un rapport de relecture, pratique pour un éditeur qui souhaite transmettre ses observations à un compositeur ou à un copiste externe.

Un outil pensé pour les musiciens, pas seulement pour les machines

Il est rare qu’un outil d’intelligence musicale s’intègre aussi bien dans le flux de travail d’un musicien. Steinberg a visiblement conçu cette fonctionnalité non comme un gadget, mais comme une aide concrète à la création. Elle ne dicte rien, elle assiste. Et c’est sans doute ce qui en fait sa plus grande force.

À savoir

La fonction de relecture de Dorico 6 n’est pas seulement utile en phase finale de préparation. Elle peut être activée très tôt dans le processus de composition ou d’orchestration, comme une sorte de filet de sécurité permanent. Mieux : elle s’adapte en temps réel aux modifications apportées à la partition. Ainsi, chaque ajout, suppression ou réécriture déclenche une vérification immédiate. Cela permet de corriger au fur et à mesure, sans attendre la relecture finale.

Cette approche progressive et contextuelle réduit considérablement l’effet “goulot d’étranglement” habituel au moment de l’édition. Une partition relue régulièrement est une partition plus propre, plus claire et plus rapide à finaliser.

Regardez la présentation de la fonction par Anthony Hugues

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