Roy Haynes, batteur novateur, s’est éteint
Roy Haynes, légende du jazz, vient de mourir à l’âge de 99 ans.
Le monde du jazz perd l’une de ses icônes, Roy Haynes, décédé à l’âge vénérable de 99 ans. Né le 13 mars 1925 à Boston, ce batteur légendaire a traversé les époques et marqué des générations d’artistes et de passionnés de jazz. En près de sept décennies de carrière, il a non seulement accompagné certains des plus grands noms du jazz, mais a aussi révolutionné l’art de la batterie, laissant derrière lui un héritage indélébile.
Les débuts d’un génie du rythme
À seulement 20 ans, Haynes rejoint l’orchestre de l’immense Louis Russell, avant de jouer avec Lester Young dès 1947, marquant ainsi ses premiers pas dans l’élite du jazz. En 1949, il intègre le quintet de Charlie Parker, apportant son style de jeu audacieux et dynamique à une scène bebop en pleine effervescence. Avec Parker, Haynes met au point un style de batterie qui fait la part belle à l’improvisation, au jeu en polyrythmie, et à une musicalité qui inspire encore aujourd’hui.
Une carrière aux côtés des plus grands
La polyvalence de Roy Haynes lui permet de collaborer avec des géants de tous horizons musicaux. Dans les années 1950 et 1960, il travaille avec John Coltrane, Eric Dolphy, et Sarah Vaughan, puis rejoint Miles Davis et Stan Getz. Sa contribution à des albums tels que Out of the Afternoon (1962) témoigne de sa capacité à repousser les frontières du jazz. Haynes intègre des rythmes complexes, une utilisation raffinée de la cymbale ride, et un groove unique qui ont redéfini l’approche de la batterie dans le jazz moderne.
Un innovateur jusqu’à la fin
Roy Haynes ne cesse jamais d’évoluer et continue de jouer jusqu’à un âge avancé, participant à des projets avec des musiciens de toutes générations. En 2011, il est intronisé au DownBeat Hall of Fame, et il reçoit en 1995 le titre de Jazz Master décerné par le NEA, l’un des honneurs les plus prestigieux dans le monde du jazz américain. Son influence est palpable, des grands noms du jazz aux musiciens actuels de la scène néo-bop et au-delà.
Un héritage musical inoubliable
Roy Haynes n’était pas seulement un batteur ; il était un maître du rythme, un visionnaire du jazz, et une figure aimée et respectée qui a su inspirer des générations de batteurs et de jazzmen. Son jeu restera pour toujours une référence, une école du style et de la créativité pour ceux qui cherchent à comprendre la liberté d’expression musicale que représente le jazz. Aujourd’hui, c’est avec une grande tristesse que le monde de la musique lui rend hommage, reconnaissant pour son art et pour ce qu’il laisse derrière lui.
Roy Haynes a joué un rôle clé dans de nombreux albums emblématiques et a collaboré avec certains des plus grands noms du jazz au fil des décennies. Voici quelques albums majeurs auxquels il a contribué, ainsi que des collaborations notables.
Albums Importants
- Out of the Afternoon (1962) – Un album en tant que leader, avec Roland Kirk, Henry Grimes, et Tommy Flanagan. Considéré comme un chef-d’œuvre, il met en valeur l’approche rythmique novatrice de Haynes et son jeu virtuose.
- Now He Sings, Now He Sobs (1968) – Avec Chick Corea et Miroslav Vitouš. Cet album est une référence du trio jazz et marque un tournant dans l’approche harmonique et rythmique du jazz. Ce fut un temps mon album de chevet
- We Three (1959) – Avec Phineas Newborn Jr. et Paul Chambers. Ce trio révèle l’interplay subtil et la créativité de Haynes, et reste un classique du trio jazz.
- Trio Jeepy (1989) – Avec Branford Marsalis. Cet album met en valeur la capacité de Haynes à se fondre dans des contextes modernes tout en conservant son style distinctif.
- Birdland Sessions (1949-1950) – Avec Charlie Parker. Haynes y développe sa polyvalence dans le bebop et s’affirme comme un accompagnateur idéal pour le jeu audacieux de Parker.
- A Love Supreme: Live in Seattle (1965) – Bien qu’il ait remplacé Elvin Jones seulement pour quelques performances, l’interaction de Haynes avec John Coltrane a eu un impact durable. Son approche plus libre et moins traditionnelle s’est parfaitement intégrée à la quête spirituelle de Coltrane.
Collaborations Mémorables
- Charlie Parker Quintet : Roy Haynes a été l’un des batteurs favoris de Charlie Parker, jouant à ses côtés de 1949 à 1952. Son travail avec Bird a marqué sa carrière et lui a permis de développer son style distinctif.
- Miles Davis : Haynes a joué avec Miles Davis dans les années 1950, remplaçant parfois le batteur titulaire dans des contextes live. Sa capacité à maintenir un groove tout en explorant des textures rythmiques nouvelles l’a fait remarquer par Miles.
- John Coltrane Quartet : Roy Haynes a souvent remplacé Elvin Jones avec le quartette de John Coltrane. Sa capacité à s’adapter aux explorations modales de Coltrane en faisait un partenaire idéal pour les performances live du saxophoniste.
- Sarah Vaughan : Haynes a été le batteur attitré de Sarah Vaughan pendant plusieurs années dans les années 1950, apportant une sensibilité et une finesse qui complétaient parfaitement la voix unique de Vaughan.
- Stan Getz : Dans les années 1960, il joue avec le saxophoniste Stan Getz, contribuant à des albums marquants comme Jazz Samba, qui a popularisé la bossa nova et lui a permis d’explorer de nouvelles nuances rythmiques.
- Gary Burton Quartet : Dans les années 1960 et 1970, il collabore avec Gary Burton, l’un des pionniers du vibraphone jazz fusion. Ensemble, ils explorent les terrains du jazz avant-gardiste et fusion, étendant la portée musicale de Haynes.
- Pat Metheny et Chick Corea : Dans les années 1970 et 1980, il continue à jouer avec des artistes de nouvelle génération, comme le guitariste Pat Metheny et le pianiste Chick Corea, démontrant sa capacité à traverser les styles et à rester pertinent dans une époque en pleine évolution musicale.
L’apport de Roy Haynes au jazz est ainsi immortalisé dans des albums qui ont marqué chaque époque. Sa capacité d’innovation et son style inimitable lui ont permis de laisser une empreinte durable dans l’histoire du jazz, aux côtés des plus grands musiciens et dans des œuvres qui continuent d’inspirer.