Blues shouters
Les “hurleurs de blues”.… Ils font partie de l’histoire du jazz, mais aussi du rhythm and blues et de beaucoup de formes de la variété américaine.
Après les chanteurs de blues rural s’accompagnant d’une guitare ou d’un banjo, beaucoup de chanteurs d’orchestre apparurent dans les années 40. On dit qu’évoluant sans micro, et pour dominer la masse sonore de l’orchestre, il furent dans l’obligation de chanter fort. Pétris de blues, expressifs en diable, virevoltants, ils nous venaient pour la plupart de Kansas city, et ils connurent un beau succès pendant deux décennies notamment auprès des danseurs .
On peut citer parmi les plus célèbres, Jimmy Rushing,( “mister five by five” ) qui fut une des vedettes du big band de Count Basie dans les années 1936-50, Big Joe Turner qui était barman et qui chantait derrière son comptoir, Eddie “Cleaned” Vinson, que nous avons, comme Joe Turner, accueilli à Biarritz plus tard dans les années 70, le trompettiste Hot Lips Page, Louis Jordan, Roy Brown ou Sonny Parker.
J’ai un faible pour Wynonie Harris qui commença à se faire connaître avec l’orchestre de Lucky Millinder, et qui s’exprimait avec un swing ravageur, souvent stimulé par des saxophonistes tenor, au son énorme ( Jack Mc Vea, Illinois Jacquet, Arnett Cobb ou Hal Singer).
Inspirés certainement par les prêcheurs baptistes, ces artistes vocaux, mais souvent également instrumentistes, s’exprimaient avec une voix profonde et une volonté de “tout arracher”, feeling et swing au menu.
Par la suite, dans les années 50, qui peut oublier le grand Ray Charles lui aussi parfois Blues shouter, ou encore Jimmy Witherspoon qui a gravé en 1959 des plages excitantes avec Ben Webster?. Lui aussi, nous l’avons applaudi par la suite à Nice et à Biarritz.
Dans un registre plus retenu, Joe Williams réalisa des bons enregistrements avec Count Basie (“Every day, I Have the blues” 1955) . Beaucoup plus récemment, le trompettiste Clark Terry aimait chanter avec humour dans cet esprit en marmonnant des paroles inintelligibles .
Chez les femmes, il convient de placer dans ce beau catalogue Helen Humes, La Vern Baker, Aretha Franklin ou Carrie Smith.
L’influence des blues shouters est évidente lorsqu’on écoute les chanteurs de rock and roll ou de Rhytm and blues comme Bill Haley, Elvis Presley, James Brown, Ike and Tina Turner et même notre Johnny national.
On peut retrouver tous ces “hurleurs de blues” dans de nombreux enregistrements, mais aussi dans le superbe film documentaire “The last of th blue devils” (film de Bruce Ricker (1974). A se procurer également “The greatest Blues shouters”,une très riche compilation de cds chez Frémeaux avec une documentation aux petits oignons de Jacques Morgantini. A la fin de ce billet un enregistrement de Wynonie Harris avec le grand Illinois Jacquet. That’s the blues!.