Duke Ellington raconte

Duke Ellington et Billy Strayhorn

Duke Ellington: “My Music is mistress” (ma maîtresse)! . Pas mal comme titre!. Ce gros bouquin ne pouvait que passionner l’amateur de jazz et du Duke que je suis. J’ai voulu vous faire profiter de mes impressions et vous inciter à le lire. Il vient d’obtenir le prix du livre 2016 de “l’Académie du jazz”.

En 1973, une année avant le décès de son père, Mercer Ellington, son fils,  et Stanley Dance, critique fort connu dans le milieu du jazz,  avaient offert aux anglophones ce riche récit écrit par Duke Ellington himself, livre qui était resté inconnu en France pendant quarante ans. Très récemment, l’éditeur Slatkine a sorti ce bel ouvrage dans son édition française. Le livre contient 534 pages,  si on exclut un relevé exhaustif de toutes les compositions de Duke rassemblées chronologiquement à la fin du livre. Superbe et méticuleuse réalisation en tous les cas.

La plume de Duke est alerte,  et nous pouvons parcourir avec lui toutes les étapes de sa vie; Pratiquement soixante années de musique, que de musique, son unique passion, même s’il nous fait profiter de ses nombreux voyages autour du monde, au cours desquels lui et ses musiciens étaient accueillis avec faste. Les descriptions de cette vie itinérante est racontée par ce chef vénéré, pratiquement au jour le jour,  concert après concert, tournée après tournée. On se promène avec lui sur tous les continents, et l’auteur  décrit avec beaucoup de détails les lieux qui ont garni son existence. Les suites,  les plus grands hôtels, les salles de concert les plus célèbres, sans oublier les restaurants les plus originaux. Plusieurs fois reçu à la Maison Blanche, le Duke se remémore  avec malice ses rencontres avec plusieurs présidents des Etats Unis.

Duke était curieux de tout,  et à tout moment, on peut,  en parcourant le livre,  connaître son avis sur les choses et les gens. A ce sujet, il dresse des portraits de musiciens que nous ne connaissions pas. Certes, Stanley Dance, à peu près à la même période (1973),  avait publié un ouvrage (“Duke Ellington par lui même et ses musiciens” (Ed. Filipacchi)) , dans lequel figuraient des interviews des stars de l’orchestre. Ici,  on peut se délecter des avis très tendres du chef envers tous. On peut s’en étonner , il  existe  de la bienveillance dans toutes ces appréciations du grand compositeur. Notamment en ce qui concerne  le saxophoniste ténor Paul Gonsalvés, lui même adulé par le public, mais qui s’endormait au premier rang de l’orchestre pendant les représentations!. Ellington adorait Paul, comme Billy Strayhorn, son “suppléant de luxe”,  ou encore le saxophoniste baryton Harry Carney resté avec lui toute sa carrière,  et qui faisait également office de chauffeur.

Duke Ellington au cours d’un de ses nombreux voyages autour du monde.

En fait, Duke ne pouvait se fâcher avec quiconque . Il évoque rapidement la rencontre avec Charles Mingus qui ne voulait pas; à  l’occasion d’un enregistrement insolite,  jouer avec  le batteur Max Roach. Il était également ravi de sa rencontre avec John Coltrane,  cette assertion ayant certainement contrarié les “figues moisies”. Dans l’ensemble du livre,  tout le monde et toutes les tendances musicales sont  bien considérés, et on peut s’interroger avec Claude Carrière,  spécialiste d’ Ellington et auteur de la préface de l’ouvrage, sur le propos du  Duke à propos du style be-bop qui a tant divisé les amateurs de jazz :  “jouer du be-bop, c’est comme jouer au scrabble sans les voyelles”...Moi, ça me plait bien.

Ellington pouvait ainsi jouer aux provocateurs avec cependant un fonds de sincérité. Questionné sur ses hobbies, il déclare n’en aimer aucun à part la musique,  et ajoute, à la manière de Winston Churchill (“no sport“),  “le golf se pratique en plein air, et je ne veux pas être contaminé par l’air pur. D’ailleurs, la seule chose que je pratique en extérieur, ce sont les concerts”.

Un livre passionnant qui doit se trouver à l’honneur dans votre bibliothèque.

Pour en savoir plus sur ce grand musicien, voir mon billet de 2011  https://jipiblog.jipiz.fr/2011/03/27/duke-ellington/

photo: Pierre Vignacq

L'”Académie du jazz”,  dans sa même séance,  a octroyé le prix du meilleur enregistrement de jazz classique à un disque de grande tenue avec Jérôme Etcheberry (trompette), Michel Pastre (saxophone ténor) et Louis Mazetier (piano). Une réalisation de “Jazz aux remparts”,  label (non pas de Cadix!) mais de Bayonne!…. Honneur aux musiciens que nous aimons tant  au pays basque. Honneur aussi à l’équipe de la Scène nationale de Bayonne animée par son directeur Dominique Burucoa, ici récompensés. /www.jazzauxremparts.com/

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