Nouvelles parutions
Non, le jazz n’est pas mort. Et notamment celui qui se produit en France. Difficile depuis la Guadeloupe de recevoir les dernières parutions. Mais j’y suis parvenu pour trois disques qui m’ont vraiment botté. Je voulais vous en parler.
Le label (non de Cadix!) de “Jazz aux remparts” vient de sortir ses deux derniers disques, fin d’une série de 30. Magnifique collection que l’on doit à Dominique Burucoa qui vient, (retraite oblige), de quitter son poste de directeur de la Scène Nationale de Bayonne et du Sud Aquitain. Un véritable bouquet final d’un très beau feu d’artifice musical.
Sur la côte basque, dont il est originaire, on connait bien le pianiste chanteur Pablo Campos. Un hyper doué qui est devenu parisien et qui s’affirme de plus en plus dans le costard d ‘un vrai crooner, à la manière de Nat King Cole, mais aussi de Jamie Cullum ou de John Pizarelli. L’enregistrement qu’il nous présente devient une pépite dans notre discothèque. On croyait que le jazz arrangé avec riffs, voicings et backgrounds était à remiser dans le rayon des souvenirs. Ici nous écoutons une petite formation qui sonne et swingue comme un big band sous la baguette de Germain Cornet, un batteur à découvrir. Les arrangements, dont plusieurs ont été écrits par Pablo, sont superbes et surtout formidablement bien mis en place par Jerôme Etcheberry (trompette), Nicolas Montier (saxo tenor), deux spécialistes français du jazz qui balance bien. Raphaël Dever à la contrebasse apporte avec bonheur le liant à l’ensemble. Pablo, qui tient à merveille le piano, avec un phrasé archi swing, a réussi ici une belle prouesse.
Autre merveille.
Deux italiens prodigieux pour une super rencontre. Le napolitain Luigi Grasso lui aussi a choisi de s’installer à Paris avec son saxophone alto. Mais il joue toute la famille des saxs et notamment le baryton avec une grande facilité.
Très influencé par Charlie Parker, (certains parlent de Benny Carter), mais avec un style personnel qui lui est propre, Luigi a voulu de cette rencontre bien conçue et préparée avec le pianiste Rossano Sportiello. Tous les deux connaissent le jazz à fond. Ils nous offrent ici de magnifiques plages (“estate”,we’ll be together again”, “indian summer”, “some other spring”) et des compositions originales. Le résultat est fort réussi autour d’un merveilleux piano bien réglé et fort bien sonorisé. Sans batteur ou bassiste, les deux complices, avec leurs folles idées, une maitrise parfaite des instruments, ont pour notre plus grand plaisir privilégié la musicalité à la virtuosité. Un régal!.
Dans un tout autre style, dans un enregistrement inédit produit par Ahead, la chanteuse Pauline Atlan, elle aussi bien de chez nous, vient nous balader dans “”le monde de Fats”. Fats Waller bien sûr!, le pianiste, organiste et chanteur (je vais rajouter “amuseur public”). Tout amateur de jazz qui a baigné dans l’écoute des musiciens et combos des années 30 et 40, connait fort bien ce personnage truculent et grand swingman . Certes la voix de Pauline n’est pas semblable à celle de Fats. Mais notre amie chanteuse apporte à cet enregistrement beaucoup de talent, de fraicheur et de joie. Elle est entourée de beaucoup de nos amis, tous excellents instrumentistes et qui donnent le meilleur d’eux mêmes. Le pianiste Louis Mazetier, les saxophonistes Michel Pastre, Nicolas Montier et Daniel Huck (scatteur sur certaines plages), le trompettiste Jerôme Etcheberry, Raphael Dever à la contrebasse, Nicolas Peslier à la guitare, et François Biensan, trompettiste et siffleur!. Pas mal non?
Que du jazz facile , entraînant, fort bien exécuté, qui nous permet de sortir de la morosité ambiante…..