Instruments et tech : quand Trump taxe la musique

Instruments, ordinateurs, smartphones… et douanes : les taxes de Trump impactent aussi la musique

Instruments, ordinateurs, smartphones… et douanes : pourquoi les nouvelles taxes de Trump sont un non-sens économique*

Depuis le retour sur le devant de la scène de Donald Trump et sa rhétorique “America First”, une nouvelle salve de taxes douanières frappe les importations venues de Chine, mais aussi d’autres pays, avec en ligne de mire plusieurs catégories de produits… dont dépendent directement les musiciens, les studios, les éditeurs ou les enseignants.

Car sous des noms techniques comme “section 301”, les barrières tarifaires s’abattent sur des marchandises très concrètes : guitares, interfaces audio, synthétiseurs, cordes, câbles, mais aussi ordinateurs, smartphones, tablettes… Autant dire : tout le nécessaire du musicien 2.0.

Une logique économique contestable

L’idée derrière ces taxes est de protéger l’industrie nationale en rendant les produits étrangers plus chers et donc moins compétitifs. Cependant, dans un monde globalisé où les chaînes d’approvisionnement sont interconnectées, ces barrières tarifaires perturbent les marchés et entraînent des hausses de prix pour les consommateurs finaux. Les musiciens, qui dépendent souvent de matériel spécifique fabriqué à l’étranger, se retrouvent particulièrement pénalisés. Objectif affiché : protéger l’industrie américaine. Conséquence directe : une hausse des prix sur des milliers de produits. Ces surtaxes se répercutent déjà sur les prix pratiqués en France, y compris pour des marques distribuées chez nous depuis longtemps.

Impact direct sur le prix des instruments en France

Prenons des exemples concrets pour illustrer cette problématique :

  • Le MacBook Air M2 : sa production étant largement basée en Asie, son prix a déjà connu une hausse de près de 10 % sur certaines configurations.
  • L’iPhone 15 Pro : le tarif public conseillé a augmenté d’environ 150 € par rapport au modèle précédent, en partie à cause des tensions commerciales.
  • Le clavier MIDI Arturia Keystep Pro : fabriqué en Asie, il pourrait voir son prix grimper si les surtaxes s’élargissent aux composants électroniques spécifiques.
  • Synthétiseur Yamaha PSR-E473 : Avant l’application des nouvelles taxes, ce clavier arrangeur était disponible en France aux alentours de 349 €. Avec l’augmentation des droits de douane, son prix pourrait grimper de 10 à 20 %, le rendant moins accessible pour les musiciens amateurs et les écoles de musique.

  • Clavia Nord Stage 4 88 : Ce piano de scène haut de gamme, fabriqué en Suède, est actuellement proposé à environ 4 359 €. Les nouvelles taxes pourraient entraîner une hausse significative de son prix en France, malgré sa fabrication européenne, en raison des tensions commerciales internationales.

  • Guitare Gibson Les Paul Standard ’50s : Fabriquée aux États-Unis, cette guitare emblématique était proposée en France aux alentours de 3 200 € en 2024. Avec l’application des nouvelles taxes, son prix pourrait augmenter de manière significative, rendant cet instrument légendaire encore moins accessible pour les musiciens français.

Tout cela alors que ce type de matériel est au cœur du travail de nombreux musiciens, professeurs, arrangeurs, beatmakers et éditeurs. En studio, en concert, en cours ou à la maison, impossible aujourd’hui de faire sans ces outils.

Et les répercussions ne s’arrêtent pas au prix : les délais de livraison s’allongent, les importateurs doivent renégocier leurs contrats, certains produits sont même temporairement retirés du catalogue.

Cela pourrait aussi nuire à la diversité du matériel disponible. Des marques de niche ou des produits innovants pourraient disparaître de nos rayons si les coûts d’importation deviennent insoutenables pour les revendeurs.

Alors bien sûr, tout cela est encore en cours d’évolution. Mais une chose est sûre : dans cette guerre économique entre puissances, la culture et la musique risquent de faire les frais de décisions politiques lointaines.

Une guerre commerciale aux effets boomerang

Ironiquement, ces mesures censées protéger l’économie américaine risquent de se retourner contre elle. En perturbant les échanges commerciaux, elles nuisent aux relations internationales et incitent les partenaires commerciaux à adopter des mesures de rétorsion. De plus, les entreprises américaines exportatrices peuvent souffrir de ces tensions, réduisant ainsi leur compétitivité sur le marché mondial.

Les nouvelles taxes douanières imposées par l’administration Trump apparaissent comme un non-sens économique*, notamment pour le secteur musical. Elles pénalisent les musiciens français en rendant les instruments et le matériel électronique plus coûteux, freinant ainsi la créativité et le développement artistique. Dans un monde interconnecté, le protectionnisme exacerbé semble être une stratégie contre-productive, aux conséquences néfastes pour tous les acteurs impliqués.

Reste à voir si l’Europe, et notamment la France, parviendront à amortir le choc. En attendant, il peut être judicieux de se tourner vers des alternatives locales ou européennes, d’acheter d’occasion, ou tout simplement… de garder son ancien matériel un peu plus longtemps !

*Pourquoi ces taxes douanières sont un non-sens économique

Les taxes douanières décidées par Donald Trump visent à protéger l’économie américaine en rendant les produits étrangers plus chers. Sur le papier, l’idée est de pousser les consommateurs à acheter « made in USA ». Mais dans les faits, cette stratégie se retourne souvent contre ses propres objectifs. Voici pourquoi :

1. Les chaînes d’approvisionnement sont mondiales
Même les marques américaines dépendent de composants venus d’Asie ou d’Europe. Taxer les importations augmente donc aussi le coût des produits américains eux-mêmes. Par exemple un synthétiseur Nord, fabriqué en Suède, ou un MacBook Pro, conçu aux États-Unis mais assemblé en Chine avec des composants venus du monde entier. Même les entreprises américaines ne produisent pas 100 % sur leur sol : elles dépendent de fournisseurs étrangers. En taxant les importations, on renchérit le coût des pièces détachées, ce qui augmente aussi les prix des produits finis américains.

Résultat : le consommateur américain paie aussi plus cher, même pour un produit “made in USA”.

2. Le consommateur paie la note
Les taxes sont répercutées sur le prix de vente. Donc quand une guitare Gibson fabriquée à Nashville est exportée vers l’Europe, et que l’Union Européenne répond par des contre-taxes, c’est le musicien français qui paie la facture finale. Exemple : une Gibson Les Paul Standard à 3 200 € pourrait passer à plus de 3 500 €, sans changement de qualité ou de spécifications, uniquement à cause d’un bras de fer commercial entre États.

3. Les représailles commerciales aggravent la situation
Les pays touchés par ces taxes ripostent avec leurs propres mesures. Résultat : les tensions s’intensifient, les prix montent partout, les exportations chutent. L’Union Européenne, le Canada ou la Chine peuvent à leur tour surtaxer des produits américains (comme les Harley-Davidson, le bourbon… ou certains équipements audio pro !). Bilan : tout le monde y perd. Les exportateurs, les consommateurs, et même les fabricants, qui voient leurs ventes chuter.

4. L’innovation est freinée
Accéder à du matériel de qualité devient plus compliqué, surtout pour les indépendants, les jeunes musiciens ou les écoles. Moins d’outils = moins de création.

5. Le protectionnisme est une illusion
À long terme, ces politiques ralentissent la croissance, isolent les industries et fragilisent les échanges culturels. La musique, qui vit d’échanges, en souffre particulièrement.

Ces taxes sont une réponse simpliste à un problème complexe. Elles pénalisent les musiciens des deux côtés de l’Atlantique et nuisent à l’accès à la culture et à la création.

🟠 Addendum – 10 avril 2025 : Trump recule (provisoirement)

Portrait de Donald Trump avec en arrière-plan un tableau boursier en chute, illustrant les effets économiques négatifs des taxes douanières imposées puis suspendues en avril 2025.

Il n’aura pas fallu attendre longtemps. Moins d’une semaine après avoir annoncé une série de droits de douane punitifs visant des milliers de produits importés, Donald Trump a fait volte-face.

Sous la pression conjointe des marchés financiers, des milieux industriels et des géants de la tech – dont les fortunes ont fondu de plusieurs dizaines de milliards en quelques heures – le président américain a suspendu pour 90 jours l’application de la majorité des surtaxes douanières.

Signe révélateur : au moment même où cette annonce était rendue publique, les bourses ont bondi. Wall Street en tête, suivie par les grandes places financières européennes et asiatiques, soulagées par cette pause inespérée dans une escalade commerciale potentiellement explosive.

Il faut dire que les répercussions de ces mesures étaient immédiates : chaînes d’approvisionnement désorganisées, ralentissements logistiques, tensions avec les partenaires commerciaux, hausse généralisée des prix… Une onde de choc mondiale.

Trump a concédé que plus de 75 pays étaient « prêts à négocier », tout en maintenant une ligne dure envers la Chine, pour laquelle les taxes atteignent désormais 125 % sur certains produits. Les musiciens n’en ont pas fini avec les effets collatéraux de cette stratégie à hauts risques.

Ce recul est-il un simple répit ?
Probablement. Mais il révèle surtout une chose : même l’économie américaine ne peut jouer longtemps au cavalier seul sans provoquer une déstabilisation globale. Et dans ce jeu d’équilibre, la culture et la musique sont toujours les premières à trinquer.

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