Du côté de chez Tati

Et si on parlait cinéma?. J’avoue une passion durable pour les films de Jacques Tati. Je les possède presque tous en dvd, et je me gondole de rire à les regarder.

Pour apprécier Tati, il faut aimer le burlesque et passer outre sur les dialogues qui sont souvent des borborygmes . Tati , ancien mime, génial inventeur , acrobate, est devenu Monsieur Hulot dans les films qui ont suivi le formidable “Jour de fête” (1949) dans lequel notre cher réalisateur jouait le rôle d’un facteur à vélo complétement loufoque. Ce film sans queue ni tête, est une succession de gags clownesques et de performances étonnantes à vélo!. On retrouve l’amour de Tati, ici saltimbanque, pour Harold Lloyd ou même Charlie Chaplin. Les situations sont absurdes, ce qui permet au facteur d’évoluer de façon encore plus étonnante. Le film avait été tourné en couleurs. Mais la matrice s’étant avérée défaillante, la masterisation a été accomplie avec un magnifique noir et blanc.

“les vacances de Monsieur Hulot” , film  de 1953, pour lequel j’éprouve une grande tendresse, permet la découverte de Hulot, un personnage dégingandé  qui surgit dans un village balnéaire de Normandie avec une vieille cacugne (à Bayonne, on appelle comme cela les vieilles voitures) . Sa bagnole pétarade et Hulot  vient semer le trouble dans un petit monde de vacanciers très “congés payés. La bande son, remastérisée est sublime. La musique est une merveille, revue et corrigée dans la version la plus récente du film. Le thème qui revient souvent ,  c’est le sublime “quel temps fait il à Paris?“.d’Alain Romans,  qui a écrit également celle de “Mon oncle” C’est doux, paisible. Et c’est dans cette quiétude qu’Hulot déboule et bouleverse tout ce petit monde. Distrait, gaffeur, amusé et  sympathique.

Par la suite,  apparaitra plus durablement le personnage de ce même Hulot, grand, légèrement vouté, avec son chapeau, sa pipe souvent éteinte, ses pantalons trop courts, ses chaussettes rayées…Il arrivera partout, venant de nulle part, débouchant dans un monde informe, figé dans le modernisme le plus inutile.

Il trébuche, se trompe, observe, renverse les objets bien rangés, et ne fait jamais les choses comme le voudrait son entourage,  lequel est complétement formaté.

Pour moi, le chef d’œuvre dans cette galaxie de folies, c’est “mon oncle” (1958). Hulot, vit dans un immeuble indescriptible, avec des escaliers, des paliers partout, mais très poétique. Les gamins du coin, les chiens de la rue, un canari, c’est son environnement avec son solex sur lequel il circule bien droit comme un prince.. Il se trouve au cours du  dans un quartier plus chic (!)  confronté à un couple Bidochon, (maison Arpel) mais super bien programmé vivant dans une maison au modernisme calibré. Hulot débarque la dedans en multipliant les gaffes, étonné par les gadgets ridicules qu’il détourne par étourderie et maladresse de leur destination, comme ce dauphin factice au milieu d’un jardin où il faut marcher selon un code précis. Tati joue sur les contrastes, sur l’absurdité d’un univers qu’il ne reconnait pas. Mais il y est parfait. Comme l’a joliment écrit Marc Dondey, “Hulot, héros discret et inoubliable, qui sème derrière lui un vent de catastrophes et virevolte sur son axe, comme un indicateur affolé par l’inconséquence du monde qui l’entoure”

L’invraisemblable maison de “mon oncle”

Les autres films de Tati deviennent plus exigeants et n’emportent pas toujours mes faveurs. Le thème du paumé dans la civilisation moderne revient comme un obsession chez Tati, lequel va dépenser des fortunes pour ses réalisations comme dans “Playtime” (1967), son film le plus ambitieux . Sera alors édifiée à grands frais sur un terrain vague,  une véritable ville avec des buildings sur roulette. Tati, mégalomane en tant que réalisateur et producteur ,  sera vite entrainé au bord du gouffre financier. Mais il multipliera encore les frais pour que chaque détail et sa démesure soient respectés. Le film prévu en 35 mm sera tourné en couleurs en 70 mm. Dans “Playtime”, la vedette, c’est le décor.

Ses films suivants sont de la même veine. “Trafic “ (1971),  c’est la moquerie  du monde souvent absurde de l’automobile avec un Monsieur Hulot qui a retrouvé la parole.

Il restait à rendre un hommage au cirque. Ce sera “Parade” (1973). Tati,  qui s’est beaucoup inspiré de ce qui se passait sous les barnums, interprète avec le même talent le rôle d’un Monsieur Loyal. On retrouve les expressions sportives du début de sa carrière. Ici, il a reproduit à merveille tous ces exploits de pantomime avec humour et talent.

Jacques Tati, un lointain descendant des Tsars de Russie (son véritable nom est Tatischeff) nous a laissé une œuvre inachevée sur papier comme un testament (“Confusion”).

Ce grand génie du cinema s’est éteint le 4 novembre 1982.

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