Un phare du jazz sur la côte basque s'est éteint

Hommage à JEAN JACQUES MALBLANC

Jean-Jacques MalblancLe 4 janvier dernier est mort Jean Jacques Malblanc, amateur passionné et très actif de jazz qui s’était largement investi dans l’organisation bénévole d’évènements jazz. J’étais présent à la petite cérémonie qui a marqué son départ où j’ai lu le texte ci dessous et où quelques amis l’ont accompagné en musique. J’ai été choqué par le faible volume de l’assistance. Pour moi cette cérémonie véhiculait une double tristesse : la perte d’un être cher et un sentiment d’oubli injuste. Bien sur, tout le monde ne lit pas Sud ouest et, pour avoir assisté à d’autres obsèques d’enseignants, je sais que le souvenir de la carrière lointaine de professeur de Jean Jacques n’allait pas déplacer beaucoup d’anciens collègues ou élèves. Pour son action “jazz”, je sais aussi que sa modestie n’a pas permis pour beaucoup d’associer son nom à celui de “plages de jazz” dont il était pourtant le moteur principal.

plages de jazz
Mais, en cherchant des informations pour écrire le texte ci dessous j’ai constaté que sur internet, moderne “Jardin du souvenir”, il n’y a aucune trace, aucun souvenir de “Plages de jazz” mais aussi de “Sortie de secours”. “La ruée au jazz” n’est plus présente que par des annonces impersonnelles et éphémères d’Info concerts. Bien sur “Jazz aux remparts” est encore représenté par son site ainsi que “Jazz sur l’herbe” et “jazz à Tarnos” (encore actives et auxquelles on souhaite longue vie) et il reste quelques traces de “Jazz au soko” par le jipiblog mais les associations mortes, étouffées par la Sacem, l’Urssaf et notre indifférence, le sont elles aussi dans notre souvenir ? Il n’y a pas eu de kalachnikovs et je ne vais pas vous demander de porter un badge “Je suis Jean jacques” mais les souvenirs de ces associations, de leurs concerts résident seulement dans l’esprit des spectateurs, des bénévoles, des musiciens dont un certain nombre de lecteurs de ce blog ….

En restituant ici une partie de ces souvenirs (un concert, une ambiance..) on pourrait rendre à tous les gens qui ont bataillé dans ces associations une partie de ce qu’ils ont donné et, peut être, donner envie à d’autres de vivre la même chose pour recréer une dynamique qui s’est évanouie.
L’idée serait donc de consacrer une partie de ce blog à l’évocation par qui le veut de concerts de ces différentes associations (en allant du simple “j’y étais” à un texte plus étoffé). La poursuite d’un tel projet est conditionnée par le fait qu’il intéresse quelques personnes, donc par la présence de quelques commentaires constructifs (idées de titre…)
Pour que ces souvenirs ne disparaissent pas avec les vieux cons que nous sommes !!

A Jean Jacques

Jean Jacques et moi n’avons jamais été des amis intimes mais notre amour commun du jazz et notre désir de le communiquer ont favorisé l’émergence d’une complicité musicale et d’une estime réciproque qui se sont manifestées pendant de nombreuses années.

Jean Jacques a d’abord été spectateur occasionnel des concerts de “Sortie de secours “,la première association dont j’étais un membre actif (assez loin de ses repères marciacais à l’époque), puis il a assisté au naufrage de la première version de “Plages de jazz” où j’étais encore (trop) lourdement impliqué en 1989. Il avait sans doute,depuis sa participation à l’équipe de “jazz à Marciac”, le secret désir de créer un événement à Biarritz à côté du bastion bayonnais de “jazz aux remparts”. Aussi, quelques temps après, il me sollicita pour faire renaître “Plages de jazz” avec une nouvelle équipe. J’acceptais d’apporter mon aide mais sans m’impliquer directement (j’étais vacciné sur ce point). Il fallait une bonne dose de passion pour le jazz, d’énergie et de naïveté, que j’avais eue en d’autres temps, pour se lancer dans une telle entreprise mais ce nouveau projet était plus modeste, plus prudent, pour tout dire plus réaliste, à l’image de jean jacques.

Il a donc, au fil des années, créé un pôle jazz à Biarritz, organisant des manifestations régulières au Colisée, au casino municipal, à Françon, dans tous les lieux qui pouvaient les accueillir : concerts, repas-concerts, apéritifs-concerts, mini festival. Pour cela il a fallu quémander de maigres aides de la part des pouvoirs locaux, chercher d’hypothétiques “sponsors” privés, résoudre les problèmes administratifs, l’hébergement, l’affichage… Tout ce travail de fourmi que connaissent les organisateurs. Il fallait aussi négocier une programmation de qualité avec des budgets modestes. J’ai quelques souvenirs de ces concerts : Emmanuel Bex, Sylvain Luc, Christophe Laborde, Richard Calleja, Boclé brothers, Tonton Salut, Tony Pagano, et le concert magique du trio de Michel Graillier qui avait pourtant été précédé de quelques heures de tension que Jean Jacques avait su traverser avec son optimisme habituel. Je sais que Jean Jacques a conservé des souvenirs, sonores ou en images, de ces concerts qu’il rangeait méticuleusement dans ses “archives”. Il serait bien qu’on puisse en trouver des traces sur le net pour maintenir la mémoire de cette aventure…

Bien sur jean jacques n’était pas seul. Il y avait Marlène, Maya, Régis mais aussi de nombreux amis qui ont beaucoup travaillé avec lui. Il n’a jamais voulu être un chef, ce n’était pas son tempérament. Sa philosophie c’était : “J’avance, suivez moi si vous voulez”. On le suivait car c’était facile de travailler avec lui. Il joignait aux qualités nécessaires dans ce genre d’entreprise (rigueur, ténacité, calme, curiosité au service d’un enthousiasme jamais démenti) une empathie naturelle, une serviabilité, une disponibilité, une bonne humeur qui ont beaucoup contribué à la formation d’une équipe. Sans doute cet esprit d’équipe et cette bienveillance naturelle avaient du déjà se révéler, s’aiguiser dans son travail à Marciac et dans sa carrière d’enseignant.. Enfin il ne faut pas oublier son sens de l’humour : on a tout de même bien rigolé dans certaines réunions pré-concerts et certains repas post-concerts. Je sais, tout ceci ressemble au portrait idéal que l’on fait dans ce genre d’occasion mais c’est ce que j’ai perçu, comme beaucoup de gens ici.

Vers la fin du 20ième siècle les choses sont devenues plus difficiles et les MNS de “plages de jazz”, fatigués, ont du mettre le drapeau rouge : la mer était trop forte (ou les requins trop nombreux ?). Alors chacun a continué sa route et je n’ai plus rencontré Jean Jacques que comme spectateur de concerts organisés par d’autres ou quand Il venait soutenir nos efforts musicaux,seul ou avec Marlène, à la Milonga, à la citerne, au Soko… Je l’ai rencontré de plus en plus rarement et, il y a quelques temps, Marc, trait d’union des rescapés du jazz nous a annoncé sa maladie. J’ai tardé à réagir : négligence ? lacheté ? Maintenant c’est trop tard.

Jean Jacques, pour finir je te dédie ces quelques minutes de silence.

Goodbye Jay Jay

 

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1 Comentaire

  1. Je n’oublierai jamais le concert en hommage à Marie Ange ni le trio Kenny Barron, Ben Riley, Ray Drummond. Merci JJ, plages de jazz, on y était grace à toi.

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