Illinois Jacquet

Si on pouvait façonner un saxophoniste le plus génial possible, on prendrait le gros son et le sens de l’harmonie de Coleman Hawkins, le phrasé “en l’air ” et décalé de Lester Young, la fougue et le côté bouillonnant de Leon Chu Berry…On aboutirait alors à Illinois Jacquet !!!..Mais ce serait réduire à une sorte d’invention biogénétique, un homme, un vrai, qui, toute sa vie, nous a époustouflé par sa forte personnalité et sa musique en même temps puissante et géniale.
C’est que nous avons eu la chance (lui aussi!) de l’approcher et de bien l’écouter, en participant très souvent dans les années 70, 80 et 90, à cette frénésie qui s ’emparait du public qui “chauffait vraiment” à chacun de ses solos….

Mais intéressons nous quelques instants à sa biographie, fort copieuse, mais réduite ici à l’essentiel.

Illinois Jacquet est né non en Illinois, mais en Louisiane, à Broussard en 1922. Il était très fier de ses origines françaises. Il fallait prononcer son nom “Jacqué”, et il aimait rappeler au public que son vrai prénom était Jean Baptiste. En fait, il se formera musicalement au Texas, notamment chez Milt Larkin, avant de retrouver en Californie l’orchestre de Lionel Hampton, qui lui servira d’écrin et qu’il visitera tout au long de sa carrière jusqu’à sa disparition en juillet 2004. C’est dans cette formation qu’il se rendra célèbre en 1942, mais surtout par la suite, en occupant le rôle de vedette, s’accordant les chorus les plus fougueux et les plus swinguants, comme celui qu’il a créé sur “Flying home”. On le verra par la suite apparaître dans plusieurs orchestres, dont celui de Count Basie(1945_1946). En 1947, il animera un big band qu’il fera revivre avec bonheur à plusieurs moments de sa carrière. Mais c’est peut- être au cours des concerts du “jazz at the philharmonic” (JATP), qu’il sera le plus applaudi sur toutes les scènes du monde. L’imprésario Norman Granz avait eu la riche idée de réunir sur une scène les plus grands du jazz en activité, et de les faire jouer avec une grande liberté, mais aussi un esprit de saine concurrence, sur les grands standards. Jacquet y a fait merveille….On a beaucoup commenté les séances du jihatépé…On a souvent dit que cela ressemblait à des exhibitions de cirque, sans aucun souci de respect pour la musique…En ce qui concerne Illiinois Jacquet, on a fustigé son exubérance, voire ses débordements dans le suraîgu de l’instrument…..D’autres , et j’en fais partie…,ont, au contraire, fortement apprécié ces joutes musicales bon enfant, où les musiciens, s’exprimaient sur scène avec humour, grand talent et se donnaient vraiment avec leurs tripes…Je ne peux que conseiller aux incrédules ces plages de 1946 (“blues”, ” Lester leaps in”…) (jatp “the first concert”. Verve 521 646-2)

On pourrait multiplier les chefs d’oeuvre de Jacquet. Connaissez vous “jammin the blues”, ce merveilleux film du photographe Gjon Mili, lui aussi de 1944 ?…Il faut voir et écouter dans ce bijou de musique formidablement filmée, notre ami Jean Baptiste coiffé d’un chapeau qui nous sort le solo du siècle en présence de Lester Young, Harry Sweets Edison, Marlowe Morris, Barney Kessel, Red Callender et Jo Jones…Un pure merveille, je vous dis!….(“great performances” idem. Sous le nom de Lester Young Charlie Parker, Miles Davis). Mais bien sûr vous pouvez capter tout cela sur “you tube”….

Tiens, tant qu’on est dans les films, il existe un dvd magnifique de Illinois Jacquet qui s’appelle “Texas tenor” (2004) (eforfilms 2869015). Le début du film avec Jacquet qui ajuste son anche sur son bec, vaut son pesant d’or. Dans ce document, on peut voir des passages du big band de Jacquet au festival “jazz aux remparts” de Bayonne.

La discographie d’Illinois est abondante. Il y est partout merveilleux, inventif, inaltérable, plein de fougue….avec surtout, un son magnifique!….Ne pas oublier les séances “black and blue”, toutes exceptionnelles, avec notamment Milt Buckner et Wild Bill Davis à l’orgue hammond. A conseiller aussi “the best of the Verve years”, les disques du big band chez Atlantic, ou encore “swings the thing” avec le trompettiste Roy Eldridge

Comme il est indiqué dans le Dictionnaire du jazz (“bouquins”. Robert Laffont) ” d’Eddie Chamblee à Dexter Gordon, rares sont les tenor des années 50 qui échappèrent à son influence“.A savoir aussi que ce musicien hors pair, a enregistré des plages au basson à la fin des années 60. C’est un grand parmi les grands auquel j’ai fait de la place aujourd’hui. Il y avait longtemps que j’en avais envie….

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