Eddy Louiss nous a quittés.

532_1348244289_eddy-louiss-7467Il était l’homme de tous les registres. L’organiste, l’immense musicien  Eddy Louiss vient de nous quitter à l’âge de 73 ans. Tout le monde connaissait Eddy Louiss, du moins avait écouté et admiré le son de sa voix, de son orgue, de sa trompette parfois. Les jazzmen lui vouaient un véritable culte. Un des plus célèbres d’entre eux,  Stan Getz,  qui considérait Eddy comme un des  plus grands,  l’a choisi pour une tournée en 1971. Eddy a côtoyé les plus renommés, leur  offrant l’écrin de son orgue Hammond B3, en magnifiant leur jeu par ses background  profonds et richissimes.

On peut citer ici les nombreux compagnons et stars qui ont meublé la vie d”Eddie: Dizzy Gillespie, Johnny Griffin, René Thomas, Sonny Grey, Kenny Clarke, Claude Nougaro (13 années ensemble!), Nicolle Croisille, Serge Gainsbourg, Barbara, Henri Salvador (1982) Jimmy Gourley, Jean Luc Ponty,  Yvan Jullien, Daniel Humair, Michel Portal, Dominique Pifarely, Aldo Romano, Jean Marie Ecay, Bernard Lubat.MI0000153707 Et j’en oublie….Il avait une préférence pour le trio. Eddy aimait aussi rassembler. Ce fut l’épopée du “muticolor feeling”  avec Daniel Huck!(1988-91), une des plus belles aventures de sa vie musicale, aimait -il préciser . Plus récemment, les rencontres avec le pianiste Michel Petrucciani (“conférence de presse” 1994) ou encore l’accordéoniste Richard Galliano (“face to face” 2001-Dreyfus) ont été des grands rendez-vous plein de surprises. Entre autres compliments,   Eddy a été récompensé en 1964 par l’Académie du jazz qui lui a décerné le prix Django Reinhardt.

Les origines de Eddy, il faut aller les chercher en Martinique. Son père Pierre,  né à Trinité, et arrivé à 20 ans à Paris,  était un sacré trompettiste. Très vite, le jeune Eddy s’est retrouvé au conservatoire,  étudiant très sérieusement le piano classique. Mais tout jeunot , son goût exotique, plus afro-caraïbéen, surtout universel,  l’a poussé vers les orchestres typiques .  Dans “jazzmag jazzman” de juin 2010, il évoque ses débuts: “j’ai été élevé au son des biguines et des mazurkas. Dans ma jeunesse, pendant les vacances, je faisais les tournées estivales dans l’orchestre de mon père; rumba, paso-doble, cha-cha-cha, tango, jazz et typique, c’est du pareil au même. Des folklores qui ont réussi. Au départ, l’isolement a fait la force et l’originalité de ces musiques traditionnelles. Je crois qu’un nouvelle force viendra maintenant les mélanger”.069313

La formule du trio avait sa préférence. Mais la configuration de ses prestations est multiple.  Eddy  s’est frotté aux musiciens de partout,  et cet univers cosmopolite  ne l’a jamais quitté. A l’âge de 16 ans , il a fréquenté  les caves parisiennes. Il a été remarqué partout pour son talent, pour son charme aussi. Mimi Perrin l’a intégré  dans les “double six”, formidable petit groupe vocal qui a fait fureur dans les années 60. Il aime se souvenir de cette époque où il a beaucoup appris. Quincy Jones dirigeait les répétitions et les enregistrements.

Avec les "double six" en 1961 (2ème à gauche).

Avec les “double six” en 1961 (2ème à gauche).

Jusqu’aux derniers jours, dans sa maison du Poitou,  avec à ses côtés son fils Pierre,  Eddy a composé, créé, joué, rassemblé. Le ronronnement de son orgue, les attaques de main droite gorgées de swing, ses fulgurantes incursions dans l’aigu comme pour nous réveiller, son chant doucement mêlé aux voicings de son B3, autant de marques de reconnaissance et de plaisir procurés par de ce sublime musicien.

3460503657328xrVoici comment il parlait de l’orgue: “ De retour à Paris, Lou Bennett m’a initié à l’utilisation des tirettes… quel plaisir , contrairement au piano, de tenir la note. Quand je jouais du piano et que venait mon solo, le batteur prenait toujours les balais. Si j’ai choisi l’orgue, c’est d’abord pour pouvoir jouer franchement avec la batterie!… J’ai choisi un B3 , pas mauvais du tout, avec deux cabines Leslie. Avec une seule, cela aurait été un peu juste. Je me sers seulement des tirettes. J’ai enlevé tous les effets présélectionnés. L’orgue c’est pour moi comme un moteur de voiture. Je sais conduire, mais je ne sais pas comment cela marche. Je ne soulève jamais le capot pour comprendre la mécanique. Je n’aime pas bidouiller l’instrument, au contraire de Lou Bennett qui démontait tout le temps son orgue”.(“jazzman jazzman” déjà cité).

Encore, un grand prêtre du jazz, de la musique tout court, un Maître, qui disparaît. Eddy encore un solo s’il te plaît ! …. Continue de jouer, de chanter et de nous enchanter….

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2 Commentaires

  1. S alut mon ami Pierre, écoutes c’était un musicien que je me faisais le plaisir d’écouter
    et finalement la voie d’en haut avait besoin de lui c’est fini.
    Mais tu sais que chez nous on vient aussi de perdre une grande figure du SEGA tipyque
    en la personne d’un ami Narmine DUCAP ami des PITOU , guitariste et papa de Michou
    pour te rappeler. Bisous et bon jeu à toi

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